Sexe : comment gérer les décalages d’envie dans le couple ?
29 juillet 2021
Dans un couple, des troubles dans la vie sexuelle cachent souvent une certaine dysharmonie et un rapport différent à la sexualité. Comment amorcer le dialogue sur ce sujet sensible ? Les précisions de Sébastien Landry, psychosexologue.
Quand on aborde le sujet de déséquilibres sexuels au sein d’un couple, « il faut distinguer la libido du désir sexuel », précise Sébastien Landry. Car la confusion existe sur ces deux points qui ne sont pourtant pas du même ressort. La libido relève « de la pulsion, de l’assouvissement de son envie d’avoir un rapport sexuel ou de se masturber. Le désir sexuel, lui, est orienté vers une personne précise ». Ce désir sous-entend une attraction charnelle envers l’autre « et une envie de faire l’amour avec cette personne. Il y a une dimension psychologique ».
Le sexe, fruit du lâcher prise ?
Au début des histoires d’amour, « la nouveauté créé un fort désir sexuel ». Dans le temps, une réalité fait surface : « le sexe n’occupe pas la même position pour tout le monde », rappelle Sébastien Landry. Une évidence a priori, mais qui donne matière à penser à celles et ceux qui se sentent insatisfaits par le manque d’activité sexuelle ou à l’inverse rapidement envahi(e) par les envies de leur partenaire.
« Pour certains le sexe est un décontractant, une compensation du stress de la vie de tous les jours. » Tout comme l’effet de plénitude engendré par une séance de sport. « Cette personne a donc besoin de sexe souvent. » Pour d’autres, à l’inverse, « il faut que tout aille bien dans le couple, que tout soit apaisé pour que la sexualité s’exprime », décrit Sébastien Landry. Il suffit que « toute la tête soit occupée par des tâches pour que le sexe ne soit pas une option, ni le soir ni le matin ni le midi. »
Des solutions libératrices
Quand le couple comprend ces deux profils, « il existe un décalage énorme, une vraie dissonance ». Surtout en cas de conflits réguliers qui peuvent être résolus sous la couette pour l’un, sans que cela soit envisageable pour l’autre. Généralement, « les vacances sont des moments de retrouvailles ». Mais voici quelques points pour désamorcer la situation de façon plus pérenne :
– Amorcer une discussion sur le désir sexuel : « le conjoint en demande peut douter du fait qu’il attire encore l’autre. Les gens pensent qu’il y a un problème dans leur sexualité, alors que l’origine est souvent extérieure, liée au stress, au travail, aux enfants » ;
– Ecrire une lettre à l’autre « que vous ne comptez pas lui donner », pour vous livrer sur des points intimes plus facile à aborder à l’écrit, puis « la reprendre en gardant seulement ce que l’on veut dire et la donner à son ou sa partenaire » ;
– Répartir de la façon la plus équitable la charge mentale au quotidien pour ne pas créer de fossé de disponibilité et d’énergie entre les deux membres du couple ;
– Consultez un sexologue ou un psychologue spécialisé pour poser des mots sur votre sexualité. L’oreille neutre, non jugeante, permet de verbaliser des non-dits et de « trouver l’origine du problème », de démêler des troubles propres à chaque personne ou au couple (addictions, mauvaise gestion du stress ou des pulsions, perte de libido, rapport conflictuel à la sexualité, confiance en soi, en l’autre…). « En séances, des couples de longue date peuvent même découvrir des points sur la sexualité de leur partenaire. Certains commencent alors à vivre une sexualité de folie après des années de vie commune en se masturbant ensemble, en ayant appris que chacun le faisait régulièrement dans son coin » ;
– Entretenir vos pulsions et votre vie sexuelle, « sachant que la routine tue un couple ». Comme un muscle doté d’une mémoire, le désir sexuel et la libido s’entretiennent. Des parenthèses sexuelles « dans des lieux différents à des intensités différentes », un peu d’épices sous la couette (sans la couette !) en somme, sont toujours les bienvenues pour attiser vos hormones… et le sentiment amoureux. Un point important : « beaucoup de personnes ne font pas d’effort car elles ont l’impression qu’un couple est acquis. Or un couple ça se travaille au quotidien », atteste Sébastien Landry ;
– Prendre soin de soi. L’entretien de votre physique et de votre moral contribue à votre épanouissement personnel. Un point qui retentit automatiquement sur votre confiance en vous et sur votre disponibilité câline auprès de l’autre.
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Source : interview de Sébastien Landry, psychosexologue spécialisé en cancérologie, le 13 juillet 2021
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet