Sexualité des Français : les femmes en couple ne se forcent plus
06 février 2024
Selon une étude, les Français montrent de moins de moins d’intérêt pour la sexualité. Ainsi, un quart d’entre eux n’a pas eu d’activité sexuelle ces douze derniers mois, un record depuis 50 ans.
Les Français font de moins en moins l’amour. C’est ce que révèle l’étude IFOP pour le fabricant de sex-toys Lelo. Selon les résultats, 76 % des Français ont eu un rapport sexuel au cours des douze derniers mois – 24 % d’entre eux n’en ont donc pas eu. C’est 15 points de moins qu’en 2006 et 6 de moins qu’en 1970. Autre signal de ce que l’enquête nomme la « sex recession », seuls 43 % des personnes interrogées rapportent avoir au moins un rapport sexuel en moyenne par semaine, elles étaient 58 % en 2009.
Le recul du devoir conjugal
La déconstruction lente mais bien présente du « devoir conjugal » explique en partie cette montée de l’inactivité sexuelle. En effet, alors que 52 % des femmes admettent qu’il leur arrive encore de faire l’amour sans en avoir envie, elles étaient 76 % en 1981. Une évolution de la société que le mouvement MeToo et le rapport au consentement expliquent en partie. 46 % des hommes déclarent également avoir eu des rapports sexuels alors qu’ils n’en avaient pas envie.
Un désintérêt pour la sexualité plus marqué chez les femmes
Autre point important, 54 % des femmes, contre 42 % des hommes, affirment qu’elles pourraient continuer à vivre avec une personne dans une relation platonique. Un chiffre qui a bondi de 14 points par rapport à 1981. 15 % des femmes de plus de 50 ans se revendiquent même asexuelles, 9 % des hommes.
62 % des Françaises accordent de l’importance à la sexualité dans leur vie tandis qu’elles étaient 82 % en 1967. Chez les hommes, 75 % d’entre eux, 87 % des trentenaires, assurent qu’ils accordent de l’importance à la sexualité. Autre fossé entre hommes et femmes, 69 % des femmes interrogées assurent vivre facilement l’abstinence sexuelle contre 48 % des hommes. La sexualité demeure donc une partie importante de la masculinité.
Les moins de 35 ont-ils mieux à faire ?
Chez les plus jeunes (18-24 ans), le recul de la sexualité est encore plus marqué : parmi les « initiés » sexuellement, 28 % affirment ne pas avoir eu de rapport sexuel en un an. C’était cinq fois moins en 2006 (5 %). Selon des études similaires citées dans le sondage, la tendance semble s’installer dans les pays occidentaux : de 8 % à 23 % d’inactivité sexuelle entre 2008 et 2018 aux Etats-Unis. En Allemagne, le nombre d’abstinents a été multiplié par 3 entre 2005 et 2016. Et chez les moins de 35 ans, en couple, 57 % des hommes et 43 % des femmes ont déjà boudé un rapport sexuel pour regarder une série, lire, surfer sur les réseaux sociaux ou encore jouer à un jeu vidéo.
Faut-il s’inquiéter de cette récession sexuelle ou y voir une émancipation des injonctions sociales ? « Cette enquête met en exergue la proportion croissante de Français(es) qui parviennent à s’affranchir d’une certaine ‘normalité sexuelle’ et tout particulièrement des injonctions sociales qui lient forcément le couple à une vie sexuelle intensive », conclut François Kraus, chercheur, directeur du pôle politique et actualité à l’Ifop.
*L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 911 personnes, représentatif de la population vivant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus selon la méthode des quotas, par questionnaire auto-administré du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024.
-
Source : Etude IFOP pour le fabricant de sex-toys Lelo, 6 février 2024
-
Ecrit par : Ecrit par Dorothée Duchemin - Edité par Emmanuel Ducreuzet