Soins optiques : les failles françaises ?

02 août 2016

Les lunettes restent encore un produit de luxe en France. Les personnes les plus précaires peinent en effet à accéder aux soins optiques. Quels obstacles freinent cette prise en charge ? Comment pallier ce fléau de santé publique ?

Depuis la loi Hamon du 17 mars 2015 (inscrite au Code de la Santé Publique), une ordonnance datée de moins de 3 ans est obligatoire pour le renouvellement d’une paire de lunettes. Une prescription jusqu’ici obligatoire pour les moins de 16 ans seulement. Cette loi a été mise en place pour inciter les Français à consulter un spécialiste. Mais dans les faits, elle éloigne les plus précaires et/ou les plus isolés de la consultation.

En France, les ophtalmologues sont en effet de moins en moins nombreux. Les délais pour obtenir un rendez-vous ne cessent de s’allonger. Au total, 12% de la population française se trouve dans un désert médical, et 16% sont confrontés à des difficultés pour consulter ce spécialiste. Pour élargir l’offre de soins, la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 prévoit d’étendre le droit du renouvellement de lunettes et de lentilles aux opticiens-lunettiers et aux orthoptistes.

De la loi au terrain

« Aujourd’hui l’accès aux lunettes sans reste à charge n’est pas aisé pour les plus précaires. Ils se retournent souvent vers un achat de lunettes loupes sans passer par un professionnel de la vue », note Jean-Paul Roosen, président de l’association Vision Solidarité Développement VSD. Cette dernière intervient en région pour favoriser l’accès aux soins optiques auprès des plus précaires. Récemment l’opération a posé ses valises à Nantes. Et proposé pendant deux jours des examens gratuits de la vue. Une opération organisée en partenariat avec les Restos du cœur et Harmonie Services Mutualistes.

« Du matin au soir, des bénéficiaires de l’Aide Médicale d’Etat (AME) ou bien exclus du système de couverture sociale se sont déplacés dans un local dédié ». Objectif, prendre en charge 60 à 80 personnes. Plusieurs d’entre elles avaient une bonne vue et n’avaient pas besoin de lunettes. Mais dans certains cas, des corrections se sont avérées nécessaires. Auquel cas des lunettes et verres étaient immédiatement distribués gratuitement. A chaque mission, plusieurs montures correctrices sont en effet disponibles sur place. Et en plus de la prescription des lunettes, les membres de VSD peuvent aussi prodiguer des conseils pour une bonne santé visuelle (exposition aux écrans, risques de la 3D chez les petits, réflexes à adopter pendant la lecture, protection du soleil).

Des lunettes pour l’autonomie ?

Toutes générations confondues, le port de lunettes constitue un gage d’autonomie. « Avec une meilleure vision, les gens sont plus à l’aise à l’école ou au travail mais aussi dans la vie de tous les jours », souligne François Vieville, vice-président de VSD. « Nous voyons régulièrement des gens en grande situation de précarité retrouver confiance en eux en bénéficiant de lunettes (…). Ce dispositif permet fréquemment des retours au logement et à l’emploi pour les personnes en errance sociale. »

A noter : deux Français sur trois portent des lunettes et les troubles visuels touchent près de la moitié des plus de 50 ans.

  • Source : Reportage Vision Solidarité Développement (VSD) à Nantes du 23 au 25 mai

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

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