Sport de haut niveau : l’excès nuit au cerveau

03 octobre 2019

L’excès de sport pourrait avoir des effets néfastes sur l’activité cérébrale. Les athlètes de haut niveau sont par conséquent en première ligne face à ce risque. Explications.

Le sport c’est la santé. Vrai, mais seulement jusqu’à un certain point. Le sport à l’excès peut être à l’origine de blessures graves bien sûr mais il semblerait que le cerveau souffre aussi d’un surentraînement. Une équipe Inserm s’est penchée sur le « syndrome du surentraînement », bien connu des athlètes.

Ce syndrome se traduit par une baisse des performances sportives et une sensation intense de fatigue. « Un athlète souffrant de ce syndrome peut être tenté par des produits susceptibles de rétablir ses performances », précisent les auteurs.

Pour mieux comprendre ce phénomène, Mathias Pessiglione, chercheur à l’Inserm, et son équipe ont posé l’hypothèse suivante : « la fatigue qui résulte d’un surentraînement sportif ressemblerait à celle engendrée par un effort intellectuel ». Logiquement, « elle serait associée aux mêmes mécanismes cérébraux ». Une hypothèse d’autant plus prometteuse qu’« une autre étude avait déjà récemment montré que la fatigue intellectuelle affecte le contrôle cognitif et donne lieu à des prises de décision impulsives ».

Une impulsivité néfaste

Pour tester cette idée, l’équipe a travaillé pendant neuf semaines avec 37 triathlètes répartis en deux groupes. Le premier a suivi un entraînement ‘normal’ de haut niveau. L’autre a été « soumis à une surcharge d’entraînement au cours des trois dernières semaines de l’expérience, avec des séances d’entraînement plus longues (de 40% en moyenne) ». Un suivi comportemental via des IRM fonctionnelles a été réalisé.

Le constat des chercheurs ? « Des similarités existent bien entre un entraînement sportif trop intensif et un travail intellectuel excessif ». Mais surtout, « cet excès d’activité sportive entraîne une réduction de l’activité du cortex préfrontal latéral (une région clé pour le contrôle cognitif), similaire à celle observée lors d’un effort intellectuel ».

Ces modifications au niveau cérébral ont des conséquences potentiellement graves. En effet, elles peuvent se traduire « par des décisions impulsives, privilégiant les gratifications à court terme plutôt que les buts à long terme ». En clair, le risque de recourir à des substances dopantes est exacerbé chez ces sportifs. Autre danger, « la fatigue et la réduction du contrôle cognitif pourraient constituer une première étape dans le développement d’un syndrome de burn-out, qui touche de nombreuses personnes dans toutes sortes de milieux professionnels ».

  • Source : Inserm, 27 septembre 2019

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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