Traitement Pfizer : une approche complémentaire aux vaccins ?

19 janvier 2022

Commercialisé sous le nom de Paxlovid, le traitement de Pfizer est indiqué dans la réduction du risque de formes graves de Covid-19. Mais en aucun cas cette approche thérapeutique ne doit venir freiner le recours à la vaccination. Le point avec Chantal Pichon, enseignante-chercheuse de l’Université d’Orléans au Centre de biophysique moléculaire (CNRS).

Le Paxlovid développé par le laboratoire américain Pfizer doit être pris à compter du diagnostic de la Covid-19, et dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes, à raison de deux comprimés par jour. Le Paxlovid est précisément composé de deux antiviraux : le nirmatrelvir et ritonavir, ce dernier antiviral étant déjà employé contre le VIH/SIDA.

Mais comment agit le Paxlovid ? « Comme tout traitement antiviral, le Paxlovid va venir bloquer la réplication du virus et bloquer la maturation de l’ARN du virus, ce qui va agir sur deux protéines la polymérase et la protéase et freiner la progression de la maladie dans l’organisme.  »

Le Paxlovid devrait être disponible dans les officines fin janvier en France, selon les propos du ministre en charge de la Santé Olivier Véran datant du 10 janvier 2022.

Un complément au vaccin

Le Paxlovid reste strictement indiqué pour limiter le risque de complications liées à la Covid-19. Selon les résultats intermédiaires de l’étude menée auprès de 1 200 patients par Pfizer et publiés en novembre 2021, ce traitement réduit de 89% le risque de décès et d’hospitalisation.

« Ce traitement antiviral n’a aucune visée préventive », rappelle Chantal Pichon. « Le Paxlovid n’aurait donc aucun effet pour celles et ceux qui compteraient substituer cette indication à l’un des vaccins contre la Covid-19. » Le danger pour les réticents à la vaccination ? Miser sur le traitement en cas de maladie et continuer à refuser les injections reviendrait « à faire un choix purement individuel sans aucunement participer à la protection collective induite par la vaccination » : l’une des clés pour freiner la propagation du SARS-CoV-2 et donc l’émergence de nouveaux variants à l’échelle de la population.

Autre point, ce traitement constitue un gain de chance important « dans les pays développés quand les vaccins ne sont pas suffisamment accessibles ». Ou plus globalement « auprès des patients immunodéprimés qui malgré la vaccination ne se trouvent pas suffisamment immunisés », étaye Chantal Pichon. « Certains patients immunodéprimés ont par exemple très peu d’anticorps même après quatre doses de vaccin. »

A noter : selon l’Agence européenne du médicament, le Paxlovid est déconseillé aux des femmes enceintes ou en cas de projet de grossesse.

  • Source : Interview de Chantal Pichon, enseignante-chercheuse de l’Université d’Orléans au Centre de biophysique moléculaire, CNRS, le 18 janvier 2022 – Agence européenne du médicament, le 16 décembre 2021

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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