Travail de nuit et cancer du sein : 26% de risque supplémentaire
12 septembre 2018
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C’est enfin prouvé, le travail de nuit accroît bien le risque de développer un cancer du sein. Déjà évoqué en 2007 par le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS à Lyon, l’effet cancérogène probable devient certain selon des chercheurs de l’Inserm.
Le lien entre le travail de nuit et le risque de cancer du sein relevait d’un soupçon. Notamment depuis que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS à Lyon avait conclu, en 2007, à un effet cancérogène probable. Afin de vérifier cette association de cause à effet Pascal Guénel et Emilie Cordina de l’Inserm* ont sélectionné cinq grandes études internationales sur le cancer du sein qui disposaient d’informations sur les horaires de travail.
Menées en Australie, Canada, Allemagne, Espagne et France, ces études incluent au total 6 093 patientes atteintes d’un cancer du sein et 6 933 femmes témoins en bonne santé de même âge, recrutées en population générale. « A partir des informations recueillies sur les quelques 54 000 emplois occupés par ces femmes, les chercheurs ont pu caractériser leur exposition au travail de nuit au cours de leur vie, de façon précise et homogène entre les études », indique l’Inserm.
Seulement les femmes non-ménopausées
Résultat, « parmi les femmes non ménopausées, le travail de nuit (défini comme un travail d’au moins 3 heures entre minuit et 5 h du matin) augmente de 26% le risque de cancer du sein », révèlent les auteurs. « Le risque semble particulièrement croître chez les femmes qui ont travaillé plus de 2 nuits par semaine pendant plus de 10 ans. » Bonne nouvelle toutefois, « le risque [semble] diminuer après l’arrêt du travail de nuit ».
Ces constats ne s’appliquent en revanche pas aux femmes déjà ménopausées. « Peut-être parce qu’après la ménopause, une grande partie des femmes avaient arrêté de travailler de nuit depuis plusieurs années », précise Pascal Guénel.
Afin de limiter les effets néfastes sur la santé, « une attention particulière doit être portée sur les modes d’organisation du travail, en limitant le nombre de nuits travaillées ou en évitant des changements d’horaires fréquents », recommandent par conséquent les chercheurs.
*Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Villejuif