Troubles intestinaux : une gastro-entérite pourrait en être la cause…

16 octobre 2025

On sait que certains troubles fonctionnels intestinaux, tels que le syndrome de l’intestin irritable, peuvent être déclenchés par un épisode infectieux digestif, comme une gastro-entérite aiguë. Une relation difficile à établir, tant il est courant d’avoir oublié l’infection ou de ne pas faire le rapprochement. Une étude menée dans 26 pays a tenté d’en estimer la fréquence : environ 10 % des cas de troubles intestinaux fonctionnels seraient d’origine post-infectieuse.

Les troubles fonctionnels intestinaux, récemment rebaptisés « troubles de l’interaction intestin-cerveau » (DGBI), constituent une forme chronique de troubles gastro-intestinaux qui peuvent, comme les médecins le savent depuis longtemps, survenir dans certains cas à la suite d’un épisode de gastro-entérite aiguë.

Qu’est-ce qu’un trouble fonctionnel ?

Les troubles fonctionnels intestinaux (« troubles de l’interaction intestin-cerveau ») regroupent le syndrome de l’intestin irritable, la dyspepsie fonctionnelle (symptômes localisés dans la partie supérieure de l’abdomen, avec plénitude après les repas, satiété précoce, ballonnements ou brûlures épigastriques), les douleurs abdominales, le ballonnement, la diarrhée et la constipation fonctionnelles. Ils se caractérisent tous par des symptômes digestifs chroniques sans lésion organique identifiable et résultent d’une perturbation de la communication entre le système nerveux entérique (l’ensemble des nerfs présents dans la paroi digestive) et le système nerveux central. Le système nerveux entérique contrôle la motricité, la sécrétion et la sensibilité de l’intestin, en lien étroit avec le système nerveux central. D’où la notion d’axe intestin-cerveau. Cette altération favorise une hypersensibilité viscérale et s’accompagne souvent de troubles anxieux ou dépressifs.

10,5 % de troubles fonctionnels digestifs persistants suite à une infection

Dans certains cas, le facteur déclenchant est une infection digestive, le plus souvent une gastro-entérite aiguë.

La définition de ces troubles post-infectieux est la suivante : ils apparaissent après une gastro-entérite aiguë, confirmée soit par une analyse de selles soit d’après deux de ces trois symptômes : fièvre, diarrhée ou vomissements.

Une étude récente a chiffré ces troubles post-infectieux de l’interaction intestin-cerveau pour la première fois. Elle était présentée lors du congrès européen de gastroentérologie (octobre 2025, Berlin). Elle repose sur les données de la Rome Foundation Global Epidemiology Study, provenant de 26 pays. L’analyse des informations recueillies auprès des 21 713 participants présentant au moins un trouble de l’interaction intestin-cerveau a montré que 10,5 % avaient un trouble post-infectieux.

Des disparités selon la région du monde et le sexe

Cette proportion varie selon les régions du monde. En Asie, environ 7,1 % des patients présentant un trouble de l’interaction intestin-cerveau avaient un trouble post-infectieux, contre 6,4 % en Amérique latine. L’Australie affichait la prévalence la plus faible, avec seulement 2,4 % des cas. Ces différences géographiques suggèrent un rôle des facteurs environnementaux, socio-économiques ou même génétiques dans le développement de ces troubles post-infectieux.

La proportion d’hommes était plus élevée dans le groupe des troubles post-infectieux (46,8 %) que chez les autres (40,9 %). Cette population était également plus jeune : plus de 60 % des patients avaient moins de 40 ans, contre 46,1 % dans le groupe témoin. « Tous sexes confondus, 3,4 % des patients atteints de troubles post-infectieux vivaient en milieu rural ou étaient en contact avec des animaux d’élevage (contre 1,8 %), ce qui suggère une exposition accrue à des agents infectieux ou des conditions d’hygiène différentes », indique le Pr Giovanni Marasco (Université de Bologne, Italie) qui a réalisé l’étude.

Un retentissement psycho-physique majeur

Par ailleurs, les patients présentant une forme post-infectieuse souffraient plus souvent d’anxiété (40 % contre 27,5 %) et de symptômes dépressifs (37,9 % contre 26,5 %) que ceux du groupe des troubles fonctionnels intestinaux non infectieux. Bien que la prise en charge des troubles fonctionnels intestinaux ne diffère pas selon leur origine infectieuse ou non, retracer l’histoire de la maladie permet parfois d’identifier une infection ayant déclenché les symptômes, même plusieurs années auparavant ou dès l’enfance, et ainsi fournir une explication au patient qui aura souvent – malheureusement – entendu « c’est dans votre tête ».

Par ailleurs, la fréquence plus élevée de troubles psychiatriques tels que l’anxiété ou la dépression chez ces patients souligne le rôle de la dimension psycho-émotionnelle dans la genèse et le maintien des troubles. Cela justifie de les prendre en charge non seulement sur le plan symptomatique (médicaments, probiotiques, alimentation), mais également sur le plan psychologique.

  • Source : Suivi de la session « Post-infection disorders of gut brain interaction: results of the rome foundation global study » Giovanni Marasco » (Italy) ; UEG week congress (4-7 octobre 2025, berlin, Allemagne)

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

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