Un vaccin contre le paludisme ? Il faudra encore attendre

09 août 2013

En 2012, la majorité des victimes du paludisme était des enfants de moins de 5 ans vivant en Afrique subsaharienne.©Ann Weru/IRIN

Un grand pas dans la lutte contre le paludisme vient-il d’être franchi ? Des chercheurs américains ont évalué l’efficacité d’un vaccin préventif au cours d’un essai clinique réalisé sur l’Homme. Leurs résultats – obtenus sur une petite cohorte –  paraissent prometteurs. Certains scientifiques s’empressent toutefois de les relativiser.

Lors de l’essai (de phase I), 57 adultes de 18 à 45 ans, en bonne santé ont été recrutés par des équipes de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID). Parmi eux, 40 ont reçu plusieurs doses (entre 2 et 5) du vaccin PfSPZ composé d’une forme atténuée de Plasmodium Falciparum, le plus mortel des parasites responsables du paludisme.

Afin d’évaluer l’efficacité du traitement, chaque participant a été exposé à des moustiques infectés. Résultat, sur les six adultes qui ont reçu cinq doses en intraveineuses, aucun n’a été infecté. Sur les neuf volontaires en ayant reçu quatre, trois ont contracté la maladie, contre la quasi-totalité des volontaires non vaccinés. Lesquels, faut-il le préciser ont immédiatement reçu un traitement antipaludéen.

« C’est un résultat à saluer » nous explique le Pr Dominique Mazier, du service de Parasitologie-Mycologie de l’unité INSERM 945 « Immunité et infection » (CHU Pitié-Salpêtrière, Paris) qui apparaît toutefois guère surprise. « Lorsque l’on utilise des doses massives en intraveineuse, il est possible d’obtenir une protection complète. Mais ce résultat, nous le connaissons depuis 30 ans chez la souris ».

En intraveineuse…

Reste toutefois à savoir si dans la pratique, une vaccination de masse en intraveineuse est envisageable ? «  Cela peut effectivement s’avérer très compliqué, par exemple en ce qui concerne les nourrissons » continue-t-elle. « Par ailleurs, les quantités à injecter sont très importantes. Pour obtenir un vaccin, il faut disséquer les glandes salivaires de moustiques infectés. Le travail est colossal. On voit mal comment, dans ces conditions, pourrait se dérouler une vaccination de masse ! »

Un constat que partage à demi-mots le Dr Robert A.Seder du NIAID et co-auteur de l’étude. Il explique que « les modes d’administration les plus communs (intradermique ou sous-cutanée) n’apportent pas une réponse immunitaire aussi forte que le voie intraveineuse ».

Rappelons que le paludisme est une maladie qui peut être contractée à tout âge. Les symptômes les plus courants sont  la fièvre, les maux de tête, les frissons et les vomissements, qui peuvent d’abord être confondus avec un état grippal. Ils apparaissent de 10 à 15 jours après l’infection. Et en l’absence de traitements, le paludisme peut évoluer rapidement vers une forme grave, souvent mortelle. Au total selon le rapport mondial sur le paludisme 2012, on estime que 219 millions de cas et 600 000 décès surviennent chaque année dans le monde.

Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : David Picot

  • Source : Science, 8 août 2013 - Interview du Pr Dominique Mazier, 9 août 2013

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