Une piste pour mieux diagnostiquer et traiter la maladie de Charcot

18 mars 2024

Le diagnostic de la sclérose latérale amyotrophique – ou maladie de Charcot - est difficile à poser, et l’est le plus souvent par élimination, après avoir écarté d’autres pathologies éventuelles. Mais une équipe française met en avant un nouvel outil qui pourrait permettre un meilleur dépistage ainsi qu’une nouvelle piste de traitement.

La sclérose latérale amyotrophique (SLA), plus connue sous le nom de maladie de Charcot, concerne 8 000 patients en France. Il s’agit d’une pathologie neurodégénérative rare qui se caractérise par la destruction des neurones responsables de la motricité, les motoneurones.

Se déclarant le plus souvent entre 50 et 70 ans, elle conduit à une paralysie progressive et au décès des patients en seulement deux à cinq ans.

Problème, comme le souligne l’Inserm, « le diagnostic de la SLA est difficile à poser. En effet, les manifestations sont hétérogènes au début de la maladie : faiblesses ou crampes au niveau d’un bras, d’une jambe, difficultés de déglutition ou d’articulation… Par ailleurs, il n’existe pas de biomarqueur spécifique de la maladie. Ainsi, le diagnostic résulte de l’élimination d’autres pathologies pouvant entraîner des troubles moteurs, ce qui prend généralement un à deux ans après le début des symptômes, retarde d’autant la mise en place de mesures thérapeutiques et réduit les chances d’inclusion dans des essais cliniques à un stade précoce. »

En testant le potentiel de l’électroencéphalographie, une méthode d’exploration cérébrale qui mesure l’activité électrique du cerveau par des électrodes placées sur le cuir chevelu, des chercheurs français ont relevé chez les patients touchés par la SLA « un déséquilibre entre deux types d’ondes respectivement associées à l’activité des neurones excitateurs et inhibiteurs. Ce déséquilibre, en faveur d’une plus grande activité des neurones excitateurs au détriment des neurones inhibiteurs, traduit une hyperexcitabilité corticale. »

Pour les scientifiques, ce phénomène n’est pas une surprise puisqu’il avait déjà été décrit. En revanche, les techniques pour parvenir à cette observation sont difficile à mettre en œuvre et ne fonctionnent qu’en tout début de maladie. Alors que l’électroencéphalographie « est très peu invasive, très peu couteuse, et peut s’utiliser à différents moments de la maladie. »

« Si ces premiers résultats se confirmaient, l’électroencéphalographie pourrait dans le futur servir d’outil pronostic pour les patients déjà diagnostiqués afin d’évaluer par exemple la réponse à un traitement médicamenteux, voire d’outil diagnostic en cas de symptomatologie évocatrice de la maladie », indiquent les chercheurs.

L’espoir d’un traitement

Par ailleurs, les scientifiques ont observé une déficience en noradrénaline dans les cerveaux des patients et souris atteints de SLA et par rapport à des cerveaux sains. Pour vérifier le rôle de ce neuromodulateur, ils ont bloqué sa production chez des animaux sains, et ont montré que cela provoque une hyperexcitabilité corticale, comme celle observée dans la maladie. Et à l’inverse, en administrant des molécules stimulant l’action de la noradrénaline dans un modèle de souris atteintes de SLA, cela a réduit l’hyperexcitabilité et restauré une activité cérébrale équivalente à celle de souris saines.

« Cette découverte pourrait marquer l’ouverture d’une nouvelle piste thérapeutique dans la SLA sous réserve que l’hyperexcitabilité corticale soit bien associée à la progression de la maladie », conclut Caroline Rouaux du Centre de recherche en biomédecine de Strasbourg. « En effet, à ce jour, nous observons dans notre étude une association entre les deux mais aucun lien de cause à effet n’est encore établi. C’est ce que nous allons vérifier dans les prochains mois. »

  • Source : Inserm

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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