Vernis à ongles : l’Académie de médecine alerte sur les lampes de séchage
04 mai 2023
Les lampes utilisées pour sécher les vernis à ongles émettent des rayons UVA classés cancérogènes alors que le secteur de l’onglerie est en pleine essor. L’exposition fréquente et répétée de personnes souvent jeunes inquiète l’Académie nationale de médecine.
L’onglerie est un secteur en plein boum qui représente 15 % du marché de l’esthétique et attire toutes les classes d’âges, de 17 à 90 ans. Un essor remarquable qui n’est toutefois pas sans risque. L’Académie de médecine alerte dans un récent communiqué sur le recours aux lampes à rayons ultraviolets pour sécher le vernis à ongles semi-permanent.
Beaucoup plus résistant qu’un vernis normal, le vernis semi-permanent promet une tenue de 2 à 3 semaines. Toutefois, son application nécessite l’usage d’une lampe combinant des rayons ultraviolets de type A (UVA) – au moins 48 watts – et diode électroluminescente (LED). Ce dispositif permet de sécher et fixer chacune des couches de vernis appliquées.
On retrouve ces lampes dans les nombreux instituts spécialisés et bars à ongles qui ont ouvert leurs portes partout en France ces dernières années. Mais aussi à domicile, alors que les sites marchands se sont multipliés.
Les UVA, un cancérogène avéré
Le problème ? Les UVA sont classés comme cancérogènes de groupe 1 – également appelé cancérogènes avérés ou cancérogènes certains pour l’homme – par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC). Outre le vieillissement prématuré de la peau, ils favorisent le risque de cancer de la peau. « Les rayons UVA sont connus pour endommager l’ADN des cellules de la peau en produisant des radicaux libres, qui induisent l’apparition de mutations à l’origine de cancers dans ces cellules », rappelle l’Académie de médecine.
Ainsi pour l’année 2022, trois types d’effets secondaires induits par les vernis semi-permanents ont été identifiés, tous chez des femmes : 66 cas de réactions allergiques cutanées, 23 cas d’atteintes mécaniques des ongles et 3 cas de cancers cutanés à type de carcinome épidermoïde induit.
Les mutations typiques des UVA avec les lampes
Avec l’essor du vernis semi-permanent, l’Académie de médecine identifie trois facteurs de risque associés : le jeune âge des personnes au début de l’utilisation des lampes – 20 ans en moyenne -, la fréquence rapprochée des expositions aux rayons UVA – 5 à 6 fois par an-, l’exposition répétée durant plusieurs années. Les risques peuvent être accrus notamment si la personne a une peau claire ou est immunodéprimée.
Pour appuyer leur propos, les académiciens citent une étude de 2022 qui consistait à exposer trois types de cellules de la peau à une lampe à UVA : des fibroblastes embryonnaires de souris, des fibroblastes et des kératinocytes humains. « Cette étude démontre que l’irradiation des trois types de cellules par une lampe UV ‘à ongles’ induit des mutations typiques des UVA. Elle apporte des preuves concrètes sur le risque cancérigène de l’usage de ces lampes en onglerie », détaille le communiqué.
Pour une connaissance plus affinée des risques
Pour diminuer les risques, l’Académie de médecine recommande d’appliquer une crème solaire, avec une protection UVA, environ 20 minutes avant l’exposition aux rayons. Elle demande en outre aux pouvoirs publics « un recensement du nombre d’appareils UV/LED vendus chaque année, afin de pouvoir estimer l’évolution du marché ».
L’institution plaide aussi pour que chaque lampe achetée soit obligatoirement accompagnée d’un message écrit d’alerte et de recommandations et pour la réalisation de campagnes d’information vers le grand public et les professionnels du secteur. Enfin, elle demande des études épidémiologiques afin d’évaluer précisément le risque de carcinome cutané induit par la répétition fréquente de ce type d’irradiations sur une longue durée.