Viande rouge et cancer colorectal : la promesse de la vitamine E

30 juillet 2015

La consommation excessive de viande rouge et de charcuterie entraîne un risque accru de cancer colorectal. Voilà qui est aujourd’hui bien connu. Une équipe de chercheurs français vient de mettre en lumière les mécanismes par lesquels ces aliments peuvent provoquer des lésions cancéreuses. Ils ont surtout trouvé une parade permettant de réduire considérablement ces effets négatifs.

Selon des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA – Laboratoire Toxalim, Toulouse), « une consommation élevée de viande et de charcuterie entraine une augmentation du risque de cancer du côlon. Plus de 15% des cancers colorectaux sont dus à ces aliments. Voilà pourquoi les autorités sanitaires recommandent de fortement limiter la consommation de charcuterie et celle de viande rouge à moins de 500 grammes par semaine. »

Pour comprendre le mécanisme menant aux lésions cancéreuses, ils ont fourni à des rats une alimentation riche en charcuteries ou viandes rouges. Ils ont ainsi mis en lumière le rôle du fer héminique. Ce dernier, composé d’un atome de fer entouré de protéines, donne leur couleur aux viandes rouges. Lors de la digestion, il réagit avec les lipides pour produire, par une réaction d’oxydation, des aldéhydes, toxiques pour les cellules.

« Ils sont en effet capables de produire des mutations au niveau de l’ADN ou de conduire à la mort les cellules du côlon et du rectum », commentent les chercheurs. « A une exception près. Les cellules précancéreuses résistent très bien à cette agression. De cette façon, une consommation excessive de viandes rouges et charcuterie, non seulement abîme le tissu du côlon et du rectum, mais en plus, sélectionne les cellules précancéreuses. »

La vitamine E à la rescousse !

Pour tenter de limiter cet effet indésirable, ils ont soumis deux groupes d’animaux et de volontaires sains à un régime composé de viande rouge et de charcuterie. Mais à la viande de l’un des groupes avait été rajouté un composé nommé « tocophérol ». Plus connu sous le nom de vitamine E, cet antioxydant se retrouve dans certaines huiles végétales (tournesol ou de germe de blé).

« Les résultats de l’expérience sont très clairs », insistent les membres de l’INRA. « L’ajout vitaminique, directement dans la viande, diminue notablement la réaction d’oxydation qui transforme les lipides de la viande en aldéhydes. Les effets délétères de la viande rouge et des charcuteries sur les cellules du côlon en sont notablement réduits. »

Et de conclure, « nous pensons qu’en enrichissant ces produits en tocophérol, on pourrait réduire leur impact sur la carcinogenèse colorectale. D’autant que l’ajout de vitamine E ne modifie en rien l’aspect et le goût de ces mets ».

  • Source : INRA, juillet 2015

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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