Vincent Lambert : la sédation profonde et définitive en 4 questions
20 mai 2019
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L’affaire Vincent Lambert arrive à son terme. Malgré l’opposition persistante d’une partie de sa famille, l’arrêt des soins du patient a été entamé ce matin. En parallèle, une sédation profonde et définitive sera mise en œuvre. En quoi consiste-t-elle ? Le point en quatre questions.
Comment définir la sédation profonde et définitive ?
« La sédation est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience », explique le ministère de la Santé. Son objectif consiste à faire en sorte que « le patient ne soit pas conscient et ne souffre pas », précise le Dr Francis Vanhille, médecin en soins palliatifs et président de la Coordination régionale des soins palliatifs d’Île-de-France. La sédation est poursuivie jusqu’au décès du patient.
Quelles molécules sont employées ?
« Aucune molécule [n’a] l’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication », indique la Haute Autorité de Santé (HAS). C’est pourquoi, les médecins s’appuient sur « une recommandation de bonne pratique (RBP) rédigée par la HAS et l’ANSM » pour la mettre en œuvre. Le médicament le plus utilisé est le midazolam. « On évalue ensuite le niveau d’endormissement avec l’échelle de vigilance et d’agitation de Richmond. Une fois que le patient est à -4 ou -5, il a atteint un stade de sédation profonde », explique Francis Vanhille. Cette sédation est associée à l’administration d’antalgiques morphiniques, « au cas où surviendraient malgré tout des douleurs ».
Le décès est-il provoqué par cette sédation profonde et prolongée ?
Non, le décès survient en raison de l’arrêt des traitements de la maladie. Dans le cas de Vincent Lambert, c’est l’interruption de l’hydratation et de la nutrition artificielle, considérés comme des traitements et non des soins, qui sont interrompus. « Le patient meurt ensuite d’une défaillance multi-viscérale », précise le Dr Vanhille. « Puisqu’il n’est plus hydraté, ses reins se mettent en anurie, n’éliminent plus les toxines, provoquant la défaillance du cœur et du cerveau. » Le décès survient environ « entre 7 et 14 jours après l’interruption des traitements ». Des soins sont poursuivis pour maintenir le confort du patient. Il s’agit notamment de prévention et surveillance de l’apparition d’escarres, de pansements des plaies, de surveillance de l’apparition de râles ou de signes d’inconfort.
Quelle est la différence avec l’euthanasie ?
« Il est essentiel de ne pas confondre sédation profonde et euthanasie », insiste Francis Vanhille. L’euthanasie correspond à la décision de faire mourir un patient en injectant un produit létal. Celle-ci est considérée comme un meurtre en France. La sédation profonde a pour but d’accompagner les malades vers la mort.
A noter : il y a 1 500 patients en état végétatif ou pauci-végétatif en France.
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Source : Interview du Dr Francis Vanhille, médecin en soins palliatifs et président de la Coordination régionale des soins palliatifs d’Île-de-France, 20 mai 2019 - Guide du parcours de soins, comment mettre en œuvre une sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès ? de la Haute Autorité de Santé, février 2018 – ministère en charge de la Santé, consulté le 20 mai 2019
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche