Vitiligo : bientôt une crème pour repigmenter la peau
11 mai 2023
Après les Etats-Unis, l’Europe. L’Agence européenne du médicament a délivré fin avril une autorisation de mise sur le marché pour un médicament sous forme de crème, qui a montré son efficacité dans la repigmentation des peaux atteintes par le vitiligo non-segmentaire.
Mannequins affichant leur épiderme dépigmenté sur les podiums et les réseaux sociaux, ex-Premier ministre évoquant ouvertement le sujet sur les plateaux télé… Longtemps tabou, le vitiligo, maladie de peau bénigne au retentissement psychologique souvent important, est sorti de l’ombre depuis quelques années.
Jusqu’à présent, les traitements de référence de cette maladie d’origine auto-immune avec prédisposition génétique reposaient sur « les UVB à spectre étroit et les dermocorticoïdes (crème à la cortisone) » pour les vitiligos localisés et généralisés (que l’on appelle également non-segmentaires), indique la Société française de dermatologie. Dans certains cas, la greffe de mélanocytes, ces cellules responsables de la coloration de la peau qui disparaissent dans le vitiligo, peut être envisagée.
Ruxolitinib
Mais la donne pourrait bientôt changer, en tout cas pour les personnes atteintes de vitiligo non-segmentaire, qui provoque des lésions bilatérales et symétriques. Moins d’un an après la Food and drug administration (FDA) américaine, l’Agence européenne du médicament a à son tour donné son feu vert à la mise sur le marché dans l’Union européenne d’Opzelura, un médicament développé par le laboratoire américain Incyte.
Sa principale substance active, le ruxolitinib, « agit en bloquant des enzymes connues sous le nom de Janus kinase (JAK) 1 et 2, qui participent à l’activité d’une substance appelée interféron gamma (IFNγ) », décrit l’Agence européenne du médicament. « Chez les patients atteints de vitiligo, on pense que l’IFNγ joue un rôle dans l’activité des cellules du système immunitaire qui attaquent les mélanocytes. En bloquant JAK1 et JAK2, le ruxolitinib réduit la capacité du système immunitaire à détruire les mélanocytes, ce qui leur permet de produire des pigments. »
Visage compris
Concrètement, Opzelura se présente sous la forme d’une crème à appliquer sur la peau dépigmentée deux fois par jour, visage compris, mais « ne doit pas être appliqué sur plus de 10 % du corps à la fois ». Instauré et suivi par un médecin, le traitement « peut être nécessaire pendant plus de six mois afin d’obtenir une repigmentation satisfaisante de la peau ». Lorsqu’il sera disponible en France, il ne sera délivré que sur ordonnance, pour les adultes et adolescents de plus de 12 ans.
Principal effet indésirable associé à l’application d’Opzelura : l’apparition d’acné sur le site de l’application, indique l’Agence européenne du médicament. Qui estime donc que la balance bénéfice-risque du traitement lui est largement favorable : deux études menées sur plus de 600 personnes atteintes de vitiligo non-segmentaire ont montré qu’ « environ 3 1% des patients ayant reçu Opzelura ont obtenu une amélioration d’au moins 75 % de la pigmentation de leur visage après six mois de traitement ». Et sur le corps, cette pigmentation s’est améliorée d’au moins 50 % chez 22 % des patients.
A noter : Très active dans l’information et l’accompagnement des personnes atteintes, l’Association française du vitiligo espère qu’Opzelura sera effectivement disponible dans les prochains mois dans les officines du territoire. On ne connaît pas encore, à ce jour, les conditions d’un éventuel remboursement par l’Assurance-maladie.