Vitiligo : les acariens impliqués dans la maladie
09 octobre 2023
Une équipe de l’Inserm s’est penchée sur le possible rôle des acariens dans le vitiligo. Leurs recherches ont permis de mettre en lumière leur implication dans la survenue des poussées de cette maladie auto-immune.
Le vitiligo est une maladie auto-immune caractérisée par l’apparition de taches blanches sur la peau. Une dépigmentation progressive due à la disparition des mélanocytes, ces cellules de l’épiderme qui synthétisent les principaux pigments de la peau : les mélanines. Alors qu’elle touche 0,5 à 1 % de la population, le vitiligo n’est pas héréditaire mais des prédispositions familiales sont connues dans cette dermatose qui, si elle est bénigne, peut entraîner un fort retentissement psychologique.
Les causes du vitiligo restent en revanche plus mystérieuses. Le stress et une cinquantaine de gênes de susceptibilité participent à l’apparition et la progression de la maladie. Et un autre facteur de risque vient d’être mis en lumière par une équipe de l’Inserm du Centre méditerranéen de médecine moléculaire de Nice. Dans son viseur ? Les acariens. « Ces organismes microscopiques peuvent déclencher des allergies, et cela nous a conduit à soupçonner qu’ils pourraient avoir un lien avec les anomalies du système immunitaire observées dans le vitiligo », », développe Méri Tulic, chercheuse à l’Inserm. « En outre, les acariens produisent un grand nombre de protéases, des protéines qui en dégradent d’autres. Or le détachement des mélanocytes de la peau des patients passe par la destruction des E‑cadhérines, des protéines qui permettent aux cellules d’adhérer les unes aux autres ».
Une crème pour restaurer la barrière cutanée
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont exposé des échantillons d’épiderme de patients atteints de vitiligo et de personnes non-atteintes aux acariens. « Les analyses moléculaires ont confirmé qu’une protéase d’acarien appelée Der p1 détruit la E‑cadhérine dans l’épiderme et provoque le détachement des mélanocytes. Et si ce phénomène a été observé dans tous les échantillons, il était environ cent fois plus important dans ceux issus de patients atteints de vitiligo qu’avec les prélèvements de peaux non malades. Il y aurait donc une susceptibilité accrue de certaines peaux aux acariens, avec des jonctions cellulaires plus fragiles au niveau de l’épiderme et un système immunitaire plus réactif », poursuit-elle. Ainsi, les acariens seraient impliqués dans le déclenchement des poussées de vitiligo.
L’équipe a en outre réussi à élaborer un outil de protection de la peau contre les acariens, soit une crème à base de céramides, « des lipides naturellement présents dans la peau et importants pour le fonctionnement normal de la barrière cutanée ». L’application du produit sur des échantillons en contact avec les acariens a permis de réduire l’inflammation et la perte de mélanocytes. « Ce traitement pourrait être utilisé par des personnes atteintes de vitiligo pour limiter la progression de la maladie et/ou éviter des rechutes après un traitement qui a permis l’obtention d’une repigmentation des lésions », envisage l’Inserm.
Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour découvrir si les personnes allergiques aux acariens, pourraient constituer une population plus à risque de développer un vitiligo.
A noter : en France, le vitiligo a été mis sous les projecteurs médiatiques par l’ex-Premier ministre Edouard Philippe. Alors que sa transformation physique faisait couler beaucoup d’encre, il a fini en 2020 par expliquer qu’un vitiligo causait l’apparition des taches blanches sur sa barbe et sa peau. Plus récemment, il avait également confié souffrir d’alopécie, responsable la perte de ses sourcils, cheveux, barbe et moustache.