Zika : la microcéphalie ne dit pas tout
30 juin 2016
Juan Gaertner /shutterstock.com
A la naissance, la microcéphalie se traduit chez le nouveau-né par un périmètre crânien inférieur à la normale. Depuis le 27 février au Brésil, 5 909 cas de cette grave maladie neurologique ont été rapportés chez des nourrissons nés de mères infectées par le virus zika. Mais le seul diagnostic de la microcéphalie suffit-elle à confirmer une infection par le virus zika ?
Pour étudier cette association entre zika et microcéphalie, l’équipe du Pr Cesar G Victora de l’Université fédérale de Pelota (Brésil) a suivi 1 501 nourrissons. Cinq groupes ont été formés en fonction du risque de contamination par le virus zika : infecté (groupe 1), très probablement infecté (groupe 2), probablement infecté (groupe 3), infection peu probable (groupe 4), non infecté (groupe 5). Bilan, 1 501 cas de zika confirmés.
Résultats, sur 602 cas rapportés dans les groupes 1 et 2, la taille des périmètres crâniens s’est avérée anormalement inférieure à la moyenne. Symptôme repéré en cas de microcéphalie. Mais tous groupes confondus, « 3 petits sur 5 épargnés par zika présentaient un périmètre crânien inférieur à la moyenne ». Et « dans 1 cas sur 5 seulement, les enfants effectivement contaminés par zika avaient un périmètre crânien de taille normale ». Conclusion, « détecter une microcéphalie ou un crâne de petite taille chez un nourrisson ne suffit pas pour confirmer une infection par zika ».
La prudence au programme
« Ces résultats doivent être traités avec précaution », note le Pr Victora. En effet comme dans toute épidémie, « les données rapportées sont des estimations ». Et les connaissances sur zika s’avèrent encore fragiles. Ainsi, « les mesures du périmètre crânien en cas de microcéphalie liée à ce virus ne sont pas encore bien connues ». Pour améliorer la surveillance, « les examens cliniques doivent donc perdurer auprès de tous les nouveau-nés ».
A noter : au Brésil, le premier pic épidémique de microcéphalie a été rapporté chez les nourrissons fin 2015. Soit 6 à 9 mois après le début de l’épidémie zika observé dans le nord-est du pays. Dans les mois suivants, le nombre de microcéphalies n’a cessé de diminuer. Mais depuis début 2016, « une seconde vague épidémique atteint le pays. Une recrudescence des cas de microcéphalie chez les nouveau-nés y est donc attendue pour la fin de l’année ».