L’instabilité amoureuse à l’origine de la congélation d’ovocytes ?
09 août 2018
Viacheslav Lopatin/shutterstock.com
Contrairement aux idées reçues, les femmes choisissant de congeler leurs ovocytes le font davantage pour des problèmes de couple que pour préserver leur carrière professionnelle.
Le débat sur la congélation d’ovocytes fait communément ressortir un argument : celui de prélever ses gamètes et de les conserver pour une grossesse dans les mois ou les années à venir pour des raisons… professionnelles. Concrètement, « éviter une rupture dans la carrière », expliquent des spécialistes de la Société européenne de la reproduction humaine et de l’embryologie.
Mais alors comment expliquer ce choix ? Pour le savoir, des chercheurs ont suivi 150 femmes aux Etats-Unis (114 femmes) et en Israël (36), toutes prises en charge dans un service de fécondation in vitro. Chacune avait souscrit à la cryoconservation pour une raison dite « sociétale », au cours d’un cycle ovocytaire au minimum.
86% des femmes sans conjoint
Résultat, 86% des femmes n’avaient pas de partenaire lorsqu’elles se sont engagées dans le parcours de la cryoconservation. Différents facteurs sont ressortis : « le célibat, le divorce, un travail à l’étranger, les mères seules… ainsi que les enjeux professionnels », note le Dr Marcia Inhorn. Mais « l’argument du travail était le moins représenté parmi ces différents motifs ».
Les 15% de femmes de l’étude en couple ayant choisi la congélation ovocytaire vivaient dans l’un de ces 4 contextes : « le mari n’était pas prêt à la parentalité, refusait d’avoir d’enfant, la relation était trop récente ou incertaine ou le conjoint avait différents partenaires. »
« La majorité des femmes volontaires avaient déjà atteint leur objectif de carrière au moment de congeler leurs ovocytes. Mais le problème réside dans le fait que passé 30 ans, beaucoup de femmes ne trouvent pas le partenaire avec qui elles souhaitent avoir des enfants. »
Selon le Dr Pasquale Patrizio, spécialiste de la fertilité et co-auteur de l’étude, cette technique doit être proposée « aux femmes de moins de 35 ans à raison de 10 à 12 ovocytes congelés pour optimiser les chances de grossesse ». Et à celles « de plus de 35 ans en prélevant environ 20 gamètes féminines ».
A noter : en France, la technique de congélation ovocytaire reste à ce jour réservée aux situations d’infertilités et de troubles d’ordre médical.
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Source : European Society of Human Reproduction and Embryology, juillet 2018
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche