Acné : l’observance, point noir du traitement
20 octobre 2015
Il est déconseillé de toucher ou percer des boutons d’acné. ©Phovoir
L’acné touche 80% des adolescents. Cette maladie de peau peut revêtir des formes sévères et fortement altérer, au quotidien, la qualité de vie. C’est pourquoi, la traiter est essentiel. Pourtant, malgré l’existence de plusieurs options thérapeutiques, il reste difficile de prendre en charge cette pathologie. Ainsi, certaines molécules ont fait l’objet d’alertes sanitaires et les prescriptions sont suivies par moins d’un patient sur deux, compromettant ainsi leur efficacité. La Haute Autorité de Santé (HAS) vient donc, pour aider les médecins dans leur travail, de mettre à jour ses recommandations en la matière.
L’acné est une maladie chronique de la peau. Les glandes sébacées secrétant trop de sébum provoquent l’obstruction des pores de la peau et l’apparition de différentes lésions comme les comédons et les papules, des pustules voire des nodules. En fonction des lésions et de la surface de peau atteinte, l’acné présente plusieurs niveaux de sévérité : très légère, moyenne, sévère et très sévère.
Les recommandations publiées ce 20 octobre 2015, actualisant celles de 2007, donnent des indications concernant le traitement à privilégier en fonction du patient. En outre, elles font suite à différentes alertes sanitaires (risque thromboembolique et pilules, risque psychiatrique et isotrétinoïne, restrictions de la prescription d’antibiotiques…).
En fonction du degré de sévérité
« Les traitements locaux, qu’il s’agisse de crèmes ou de gels, à base de peroxyde de benzoyle et les rétinoïdes sont à privilégier pour une acné légère à moyenne », rappelle la HAS. « Un antibiotique (doxycycline ou lymécycline par voie orale) peut toutefois être prescrit en complément et selon le cas pour une acné moyenne. L’isotrétinoïne sera réservée aux acnés sévères et très sévères et avec un risque cicatriciel. »
Par ailleurs, elle insiste sur l’importance de « prendre en compte les préférences du patient ». En effet, « aucun traitement de l’acné n’est efficace immédiatement, il faut quelques semaines avant l’obtention d’une amélioration et le bon suivi du traitement est gage de sa réussite. Or à ce jour, moins d’un patient sur 2 suit correctement le traitement qui lui a été prescrit. » Si le patient a participé au choix du traitement, son observance n’en sera que meilleure.
Isotrétinoïne sous surveillance
« Concernant l’usage d’antibiotiques, comme c’est le cas pour d’autres maladies, il convient de limiter leur utilisation aux situations où ils sont nécessaires afin de limiter l’émergence de souches bactériennes résistantes », souligne la HAS.
L’isotrétinoïne fait l’objet, de son côté d’une surveillance toute particulière. Son usage est proscrit chez les femmes enceintes. De façon générale, « l’augmentation du risque de troubles dépressifs n’a pas été observée dans les études sur un grand nombre de patients mais a été exceptionnellement suspectée dans des cas individuels », poursuit la HAS. « Pour cette raison le patient doit communiquer à son médecin – avant le début d’un traitement – tous ses éventuels antécédents personnels et familiaux de troubles psychologiques et psychiatriques et avoir un suivi rapproché notamment au début du traitement. »
La contraception en parallèle
« Si un contraceptif doit être prescrit à une femme présentant de l’acné, il sera recommandé en première intention du lévonorgestrel (2e génération) et en seconde intention du norgestimate (assimilé 2e génération) qui comporte une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la contraception chez la femme présentant une acné », explique la HAS.
Quant aux anti-acnéiques Diane 35 et ses génériques ayant également des propriétés contraceptives, « ils ne peuvent être envisagés qu’en dernière intention si l’acné persiste malgré un traitement dermatologique bien conduit », ajoute-t-elle. Ce choix doit être effectué « en concertation avec la patiente et un gynécologue, et en tenant compte [d’un éventuel] risque thromboembolique. »