Alimentation : les émulsifiants augmentent le risque de maladies cardiovasculaires

07 septembre 2023

Une étude française suggère qu’une consommation élevée d’émulsifiants alimentaires, ces additifs présents dans de nombreux produits industriels, entraînent un risque cardiovasculaire accru.

Carraghénanes, celluloses, amidons, lécithines… Ce sont les émulsifiants alimentaires, des additifs couramment utilisés par les industriels pour améliorer l’apparence, la consistance, le goût ou encore la durée de conservation de certains produits. On les retrouve dans les aliments ultra-transformés tels que les plats préparés, les biscuits, les desserts, les crèmes glacées, les sauces… Une étude menée par des chercheurs français de l’Inserm, l’Inrae et des universités parisiennes*, publiée dans le British medical journal, suggère une association entre ces émulsifiants et un risque accru de maladies cardiovasculaires.

Quels sont les additifs mis en cause ?

Les additifs alimentaires sont identifiés dans la liste des ingrédients par la lettre E. Ils sont suivis d’un numéro correspondant à leur catégorie – E400 pour les émulsifiants. Dans le détail, les scientifiques ont constaté que des apports plus élevés en celluloses totales – E460 à E468 – étaient associés à des risques accrus de maladies cardiovasculaires. Les additifs E460 et E466 étant particulièrement dangereux.

Les additifs E471 et E472 étaient quant à eux impliqués dans l’ensemble des pathologies étudiées. « Parmi ces émulsifiants, l’ester lactique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472b) était associé à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires et de maladies cérébrovasculaires, et l’ester citrique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472c) était associé à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires et de maladies coronariennes », note l’Inserm dans un communiqué du 6 septembre. Enfin, une consommation élevée de phosphate trisodique (E339) était également associée à un risque plus élevé de maladies coronariennes. Les autres émulsifiants n’ont pas été mis en cause dans l’étude.

Vers une nouvelle réglementation des additifs alimentaires ?

Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont analysé les données de 95 442 adultes sans antécédent cardiovasculaire. Les participants – âgé de 43 ans en moyenne, 79 % de femmes – ont renseigné au cours des deux premières années, le contenu de leurs repas ou encas, et les boissons consommées. La quantité d’additifs, dont les émulsifiants, de chacun des produits consommés a ainsi pu être établie. Il était en outre demandé à chaque volontaire de signaler les événements cardiovasculaires majeurs comme un infarctus, un accident vasculaire cérébral… Les décès ont également été pris en compte via le registre national français des décès. Ont aussi été enregistrés les facteurs de risques cardiovasculaires connus (âge, sexe, poids, niveau d’éducation, antécédents familiaux, tabagisme, activité physique, alimentation, consommation d’alcool).

« Si ces résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs », expliquent Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à INRAE, principaux auteurs de l’étude.

Les additifs déjà incriminés

Les chercheurs reconnaissent les limites de leurs travaux, la surreprésentation des femmes et le fait que les participants étaient généralement soucieux de leur bonne alimentation notamment. Toutefois, outre un échantillon important, « les résultats sont restés inchangés après de multiples analyses de sensibilité, renforçant ainsi leur robustesse », note l’Inserm.

A noter : ce n’est pas la première fois que les additifs alimentaires sont mis en cause. Plusieurs études ont établi un lien entre une consommation élevée d’aliments ultra-transformés et un risque accru d’obésité, de mortalité et de maladie chronique. D’autres suggèrent que les émulsifiants perturbent le microbiote intestinal, augmentent le risque d’inflammation, ce qui entraîne un risque cardiovasculaire accru.

* Université Sorbonne Paris Nord, Université Paris Cité et du Cnam

  • Source : Inserm, British medical journal

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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