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Clue, Flo, Glow… les applications de suivi des règles et de la fertilité se sont multipliées ces dernières années. Elles permettraient, via le recueil des données physiologiques et symptomatiques, de prédire les périodes de règles, voire de fertilité, selon les promesses affichées. Ces outils ont le vent en poupe alors que la contraception hormonale est souvent remise en cause sur les réseaux sociaux. Inquiétudes face aux effets secondaires et désinformation en santé nourrissent la popularité de ces applications auprès d’utilisatrices en quête de méthodes perçues comme naturelles.
Qu’en pense la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ? Celle-ci a mené une enquête entre 2024 et 2025, contrôlant 9 applications parmi les plus téléchargées. Les enquêteurs accusent certaines applis d’exposer les femmes à un risque de grossesse non désirée. En effet, plusieurs d’entre elles affirment qu’elles permettent une maîtrise de la conception grâce à l’indication des périodes de menstruation et de fertilité. « Si ces applications peuvent être utiles au suivi des menstruations, elles ne peuvent pas constituer des outils fiables d’aide à la conception et à la contraception », pointe la DGCCRF dans un communiqué publié le 2 décembre.
Récemment, pour Destination Santé, le Dr Pascale Mirakian, gynécologue, spécialiste de la médecine de reproduction, à Lyon (Rhône), émettait également des réserves concernant ces applis capables de déterminer le jour d’ovulation. « Ces méthodes posent problème si vous avez des troubles des règles. Il ne sera pas possible de connaître votre jour d’ovulation », expliquait-elle alors. En effet, si le cycle menstruel dure 28 jours en moyenne, il ne s’agit donc que d’une moyenne et de nombreuses femmes ont un cycle irrégulier, d’une durée inférieure ou supérieure.
Pour cibler l’ovulation, la spécialiste évoquait alors la méthode de la symptothermie qui consiste à analyser sa glaire cervicale et suivre sa courbe thermique, une méthode qu’elle jugeait « très intéressante ». « L’ovulation, c’est le moment où la température est la plus basse et la glaire très fluide », précisait Pascale Mirakian.
Ces applications ne sont en aucun cas des dispositifs médicaux, contrairement à ce qu’elles peuvent laisser paraître ou sous-entendre. Une majorité d’entre elles ne disposent pas de ce statut, pourtant requis par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour affirmer aider à la conception, voire à la contraception. « Cette réglementation spécifique oblige les applications à disposer d’un marquage de conformité européen, visant à s’assurer que plusieurs conditions de sécurité et de performance sont bien remplies », ajoute la DGCCRF.
A noter : la DGCCRF s’interroge également sur le fait que ces applications collectent des données personnelles, souvent intimes. Quel devenir pour ces données ? Sont-elles utilisées à des fins commerciales ? Les enquêteurs relèvent aussi des pratiques commerciales trompeuses, comme l’utilisation de mentions dédouanant le fournisseur de toute responsabilité concernant l’exactitude ou l’efficacité des informations fournies par l’application, ou des manipulations, volontairement conçus pour inciter les consommatrices à souscrire à un abonnement payant, supposé maximiser les chances de tomber enceinte.

Source : DGCCRF

Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche