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La plupart des fumeurs arrêtent de fumer sans aide. Pour d’autres, participer au Mois sans tabac peut être une motivation supplémentaire, sachant aussi qu’arrêter de fumer pendant 30 jours multiplie par cinq les chances d’y parvenir définitivement. Quoi qu’il en soit, sachez aussi qu’il y a 70 % de chances supplémentaires de réussir votre sevrage grâce à l’accompagnement d’un professionnel de santé.
Le débat était passionné. Jusqu’alors, de nombreuses voix expertes défendaient l’intérêt de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique, tandis que d’autres soulignaient les incertitudes quant à son innocuité et le risque d’une double consommation, cigarette et vape, qui pourrait s’éterniser et réduire les chances de sevrage. Les experts, pneumologues, tabacologues, infirmiers, pharmaciens, etc. de la Société francophone de tabacologie (SFT) devaient se prononcer. Ils l’ont fait dans un document qui vient d’être publié, en s’appuyant sur une méthode scientifique éprouvée pour formaliser un consensus d’experts (méthode Delphi). Verdict ? Ils reconnaissent que la vape constitue un outil efficace pour le sevrage tabagique. Mais transitoire. « Pour un fumeur, tout vaut mieux que de continuer à consommer des cigarettes classiques, renchérit le Pr Jacques Cornuz, membre du conseil d’administration de la SFT et enseignant à l’Université de Lausanne (Suisse). La vape offre une porte de sortie du monde du tabac. »
Du fait d’un « rapport risque-bénéfice favorable de l’utilisation de la cigarette électronique dans le cadre de l’aide au sevrage tabagique », celle-ci peut être utilisée comme « outil de substitution nicotinique », écrivent-ils.
Considérant que « le rapport risque-bénéfice de l’utilisation de la cigarette électronique dans le cadre de l’aide au sevrage tabagique est favorable » et que, « selon les données actuelles, celle-ci est efficace pour le sevrage tabagique (abstinence de six mois ou plus) », les experts de la SFT considèrent qu’il n’y a plus aucun doute : « la cigarette électronique fait aujourd’hui partie de l’arsenal thérapeutique du sevrage tabagique », résume le coordinateur du consensus, le Pr Cornuz.
Les experts sont d’accord sur un autre point : la cigarette électronique peut très probablement réduire les risques liés au tabac, notamment la morbidité et la mortalité, mais ceci à condition d’arrêter complètement de fumer ! L’objectif est d’éviter une double consommation tabac-vape prolongée sur plusieurs mois. « La consommation simultanée vape-cigarette classique peut se comprendre comme une étape transitoire de désaccoutumance, explique le Pr Cornuz, mais elle doit rester temporaire. Continuer à fumer tout en vapotant n’apporte très probablement aucun bénéfice en termes de réduction du risque. En effet, il est bien démontré que, plus que le nombre de cigarettes fumées chaque jour, c’est la régularité du tabagisme qui entretient le risque cardiovasculaire et respiratoire. »
Heureusement, précise le spécialiste, dans la majorité des cas, les personnes finissent par arrêter totalement le tabac et ne conservent que la cigarette électronique. Mais là aussi, l’usage de la vape doit également être limité dans le temps, en visant un arrêt progressif une fois le sevrage tabagique consolidé.
Sur le plan de la prise en charge clinique, plusieurs points font désormais consensus dont celui-ci : « la cigarette électronique peut être utilisée en association avec les substituts nicotiniques ». Pas de risque particulier n’émerge dans la littérature scientifique.
Il existe une difficulté de taille cependant : le sevrage au moyen de la vape n’obéit à aucun protocole unique, contrairement à la varénicline (Champix), au bupropion ou aux substituts nicotiniques. Chaque vapoteur choisit en effet son appareil, sa concentration en nicotine et ses arômes. Cependant, globalement, « l’objectif est de réduire progressivement la consommation, résume-t-il, en laissant chacun décider de son rythme, de ses doses et de ses saveurs. Conserver le plaisir lié à l’utilisation est essentiel pour réussir le sevrage ».
L’essentiel est de ne pas prolonger l’usage de la cigarette électronique pendant des mois, voire des années, car les risques à long terme restent encore mal connus. D’ailleurs, l’un des points qui n’a pas obtenu de consensus au sein des experts de la SFT concerne l’affirmation selon laquelle « selon les données actuelles, l’usage de la cigarette électronique pendant plusieurs années engendre peu d’effets indésirables sévères ».
Le Pr Cornuz y tient : « il faut rappeler que ce ne sont pas les effets de la nicotine qui provoquent les cancers, ni les maladies cardiaques, métaboliques ou pulmonaires, mais bien les produits de dégradation du tabac. La nicotine, elle, est responsable de la dépendance ». Et si la vape est considérée comme un outil de sevrage tabagique, « en revanche, chez les non-fumeurs, et surtout chez les jeunes, toute exposition au vapotage doit être évitée, prévient le pneumologue. L’enjeu est de prévenir l’apparition de nouvelles générations dépendantes à la nicotine à cause de la vape. Les politiques publiques doivent veiller à ce que le vapotage ne soit pas perçu comme une pratique valorisante chez les jeunes. »

Source : Interview du Pr Jacques Cornuz (30 octobre 2025) ; Lüthi E, Velarde Crézé C, Lebon L,. Electronic cigarette for smoking cessation: a fast-track Delphi consensus of French-speaking experts. Arch Public Health. 2025 Oct 23;83(1):260 ; Santé publique France, Tabac info service.

Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet