Asthme de l’enfant : les produits ménagers en cause
20 février 2020
Dmitri Ma/shutterstock.com
Des chercheurs canadiens l’affirment : l’exposition précoce des bébés aux produits ménagers est associée à des troubles respiratoires tels que l’asthme ou une respiration sifflante dès l’âge de 3 ans. Leur étude a été menée sur plus de 2 000 jeunes enfants.
Les travaux scientifiques se suivent et se ressemblent : la pollution de l’air est un véritable fléau pour le système respiratoire en maturation, et donc particulièrement fragile, des enfants. L’air extérieur bien sûr, avec la pollution automobile (elle provoquerait jusqu’à 4 millions de cas d’asthme infantile par an dans le monde ; en Europe, la pollution de l’air serait en cause dans un tiers des cas). Mais qu’en est-il de l’air que l’on respire à l’intérieur de nos logements ?
C’est ce qu’ont voulu savoir des chercheurs canadiens, qui publient leurs résultats dans le Canadian Medical Association Journal. Pour ce faire, ils ont étudié les données complétées par les parents d’une cohorte de 2 022 enfants, exposés à des produits ménagers de leur naissance jusqu’à l’âge de 3 ou 4 mois. Ces enfants ont ensuite été évalués à leurs 3 ans pour déterminer s’ils souffraient d’asthme, de respiration sifflante récurrente ou d’atopie (sensibilisation allergique). Les trois quarts des enfants n’avaient jamais été exposés à la fumée de cigarette et leurs parents ne souffraient pas d’asthme (65%).
Plus vulnérables
Résultat : les chercheurs ont établi une association entre l’exposition précoce aux produits ménagers et le développement de l’asthme infantile et d’une respiration sifflante (mais pas l’atopie). Le risque de problèmes respiratoires était majoré par l’utilisation de produits de nettoyage parfumés et pulvérisés. « Les nourrissons, qui passent 80 à 90% de leur temps à l’intérieur, sont particulièrement vulnérables à l’exposition à des produits chimiques, qui atteignent leurs poumons et leur peau, en raison de leur taux de respiration plus élevé et de leur contact régulier avec les surfaces domestiques », expliquent les auteurs de l’étude.
Parmi les produits ménagers les plus fréquemment utilisés par les parents des enfants étudiés : « liquide vaisselle, détergent pour lave-vaisselle, nettoyants multisurface, nettoyants pour vitres et lessive ». Autant dire : à peu près tous les types de nettoyants ou détergents. Afin de réduire l’exposition des enfants, les auteurs préconisent de privilégier les produits ménagers sans composés organiques volatils (COV) et ceux qui ne se présentent pas sous forme de sprays.
Mais bien souvent, les fabricants ne brillent pas par leur transparence sur la composition exacte de leurs produits. Une situation dénoncée en France par 60 millions de consommateurs, qui milite depuis quelques mois pour la création d’un « Ménag’Score », inspiré du Nutri-Score. En attendant, on peut aussi décider de fabriquer soi-même ses produits ménagers, pour préserver le système respiratoire des plus jeunes.
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Source : Canadian Medical Association Journal, le 18 février 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche