Attentats : les enfants, des victimes à part
18 juillet 2016
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Ce jeudi 14 juillet 2016, jour de fête nationale, la ville de Nice a été le théâtre d’un attentat qui a fait (au moins) 84 victimes et une cinquantaine de blessés en urgence absolue. Parmi eux, de nombreux enfants. Jusque-là les victimes d’attaques terroristes dans l’Hexagone étaient essentiellement des adultes. Cette fois-ci, la plus grande innocence est devenue la cible de la violence aveugle. Comment prendre en charge ces enfants? Comment les aider à récupérer d’un tel traumatisme ?
A-t-il perdu un membre de sa famille ou est-il lui-même blessé ? Quel âge a-t-il ? Comment réagit son entourage ? « Beaucoup de facteurs doivent être pris en compte pour mettre en place la prise en charge psychologique d’un enfant témoin direct ou victime d’un attentat », souligne le Dr Catherine Salinier, pédiatre à Gradignan, ancienne présidente de l’Association française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA). En effet, le traumatisme sera graduel en fonction de tous ces éléments.
Toutefois, certains aspects sont spécifiques à tous les enfants. Ainsi, « ils ont tendance à s’exprimer par leur comportement davantage que par leurs mots », explique-t-elle. Et pour cause. « Ils sont incapables de réellement comprendre ce qui se produit et de le mettre en paroles », poursuit-elle. Résultat, « ils ressentent les événements plus qu’ils ne les pensent ». Ce qui leur accorde la capacité, même dans un moment de grande détresse, « de passer d’un état psychique à un autre sans délai. Un instant, ils jouent, rient. L’instant d’après, ils présentent un grand abattement ».
Par conséquent, pour analyser l’évolution psychologique d’un enfant, « il faut s’intéresser à ses jeux, à son sommeil, à son alimentation… », indique le Dr Salinier. Sans oublier pour autant « de l’écouter, en lui donnant l’occasion de parler. » Sans « ressasser son malheur quand il se trouve dans un moment de jeu ».
De l’importance de l’entourage et du suivi professionnel
Autre aspect essentiel chez les enfants : leur sensibilité aux émotions de leur entourage. « Ils sont plus sensibles à celles-ci qu’à la réalité de ce qu’il a vu », assure Catherine Salinier. Pour aider l’enfant à traverser ses moments si difficiles, « leurs proches doivent essayer de ne pas s’effondrer ». Bien entendu, une aide professionnelle, comme un pédopsychiatre ou un psychologue est nécessaire pour soutenir l’enfant comme ceux qui l’entourent.
« Le travail qui sera effectué auprès de l’enfant par le psychologue relève davantage des images qu’il conserve de l’événement que de la réalité », explique-t-elle. Enfin, « comme l’enfant ne peut pas anticiper, conceptualiser et mettre en perspective, il ne peut pas non plus relativiser ou même accepter la fatalité ».
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Source : interview du Dr Catherine Salinier, pédiatre à Gradignan, ancienne présidente de l’AFPA, 18 juillet 2016
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche