Aux Etats-Unis, les décès d’ados par overdose ont doublé en 2020
14 avril 2022
La « crise des opioïdes » qui sévit aux Etats-Unis depuis le début des années 2000 a connu une brutale accélération au début de la pandémie. Chez les adolescents, la hausse de la mortalité liée à la drogue est même exponentielle, selon des chercheurs de l’université de Californie.
C’est un problème de santé publique qui a émergé il y a une vingtaine d’années, et que les Etats-Unis ne parviennent pas à juguler. Selon les Centers for disease control and prevention (CDC) américains, depuis 1999, près de 841 000 personnes sont décédées des suites d’une overdose, dont environ 500 000 sont attribuées aux opioïdes. Et les chiffres continuent de grimper, notamment chez les adolescents.
De quoi s’agit-il ? Les opioïdes sont des substances psychoactives au fort potentiel addictif qui agissent dans les zones du cerveau responsables du contrôle de la douleur. On les trouve aussi bien dans des médicaments légalement fabriqués et prescrits pour leurs propriétés analgésiques (morphine, codéine, tramadol…) que sur le marché noir (héroïne), pour leurs effets euphorisants. Mais c’est bien la consommation de médicaments détournés de leur usage ou fabriqués illégalement dans des laboratoires clandestins, comme le fentanyl, qui affole les compteurs des autorités sanitaires américaines.
Il y a un an, les CDC avaient déjà sonné l’alerte. Entre avril 2020 et avril 2021, pendant la première année de pandémie de Covid-19, environ 100 000 personnes sont décédées des suites d’une overdose (+28% par rapport à l’année précédente). Dans les trois quarts des cas, des opioïdes fabriqués illégalement étaient en cause.
Information, prévention et naloxone
Chez les adolescents de 14 à 18 ans, la population spécifiquement étudiée par les chercheurs de l’université de Californie, 954 décès ont été causés par une overdose en 2020, et 1 146 dans les six premiers mois de 2021. Par rapport aux dix années précédentes, où environ 500 adolescents décédaient d’une overdose chaque année, ces chiffres ont donc doublé.
« Les augmentations sont presque entièrement dues aux fentanyls illicites que l’on trouve de plus en plus dans les pilules contrefaites », détaille Joseph Friedman, chercheur en toxicomanie et auteur principal de cette étude publiée dans la revue JAMA. « Les autorités sanitaires américaines doivent poursuivre les efforts d’information et de prévention des risques dans les écoles et les lieux fréquentés par les adolescents, estime-t-il, et faciliter l’accès à la naloxone, une substance qui permet de neutraliser les effets d’une overdose d’opioïdes. » Consciente des enjeux, l’administration Biden s’y est déjà engagée.
Et en France ?
« Il n’existe pas actuellement en France de risques d’une « crise des opioïdes » comparable à celle qui a cours en Amérique du Nord », rassure l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives dans une note de synthèse datant d’octobre 2021. Si les intoxications et décès augmentent de manière constante depuis une dizaine d’années, il n’existe cependant pas de « marché de rue établi et stable de fentanyl pharmaceutique », indiquent les auteurs. Par ailleurs, « aucun décès lié à du fentanyl illicite n’a été rapporté à la date de juillet 2021 par le système d’information français sur les drogues ».
A noter : Une équipe française de l’Inserm travaille actuellement à la mise au point de médicaments antalgiques opioïdes qui n’entraîne ni dépendance, ni accoutumance.
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Source : CDC, JAMA, OFDT - 12 avril 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet