Ballonnements, transit perturbé… qu’est-ce que le SIBO ?

31 mars 2025

SIBO, quatre lettres pour « Small Intestinal Bacterial Overgrowth » que l’on pourrait traduire par une prolifération anormale de bactéries dans l’intestin grêle. Un trouble digestif dont les symptômes ressemblent fortement à ceux du syndrome de l’intestin irritable. Pour éviter la confusion, les spécialistes français de la gastroentérologie ont publié le 21 mars des recommandations tranchées à ce sujet.

Au congrès français des hépato-gastroentérologues (Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive 2025), fin mars, le Groupe Français de Neuro-Gastroentérologie a rendu publique les premières recommandations françaises sur le SIBO. 

Qu’est-ce que le SIBO ?

Le SIBO est une pullulation anormale des bactéries de l’intestin grêle. Concrètement, il est défini par “la présence de signes cliniques auxquels peuvent s’ajouter des anomalies biologiques en rapport avec une modification du nombre des bactéries présentes dans l’intestin grêle”. Mais ceci exclusivement en présence de “conditions prédisposantes” (facteurs de risque, maladies). 

Quels sont les symptômes du SIBO ?

Ses signes cliniques ne sont pas spécifiques : ils peuvent inclure des diarrhées, des douleurs abdominales et/ou un inconfort abdominal, des ballonnements, une distension abdominale, des flatulences.  

Des anomalies biologiques peuvent aussi exister, telles qu’une carence en vitamine B12 et, plus rarement, des selles très grasses (stéatorrhée). 

Le syndrome de l’intestin irritable peut-il causer un SIBO ?

Les experts confirment que, même si le syndrome de l’intestin irritable présente des symptômes similaires à ceux du SIBO, il n’en est que très rarement la cause : moins de 4 % dans les études, lesquelles ne sont d’ailleurs pas d’une grande fiabilité vu le manque de précision des tests sur lesquelles elles reposent. Il n’y a donc aucun intérêt à demander un test SIBO en présence d’un syndrome de l’intestin irritable. Ce test ne permettrait ni de poser un diagnostic de SIBO ni par conséquent de guider un traitement efficace.   

Quelles conditions favorisent le SIBO ?

Si le syndrome de l’intestin irritable n’est pas une cause de SIBO, en revanche d’autres étiologies sont parfaitement connues :  

– les personnes ayant subi une intervention chirurgicale au niveau du système digestif (chirurgie de l’obésité comme le bypass gastrique, etc.) ;

– les personnes souffrant de troubles de la motricité intestinale, qui ralentissent ou perturbent le déplacement des aliments dans l’intestin. Certaines maladies (neuropathie diabétique, etc.), altèrent en effet le fonctionnement normal du tube digestif ;   

– Les anomalies structurelles, comme des rétrécissements (sténoses) ou des poches dans l’intestin grêle (diverticules) qui créent des zones où les bactéries peuvent s’accumuler anormalement sont aussi des facteurs de risque ;

– De même que la prise prolongée de médicaments ralentissant le transit, en particulier les opioïdes utilisés contre la douleur, peut aussi favoriser ce déséquilibre ;   

– Plus rare, une production insuffisante d’acide dans l’estomac (achlorhydrie) réduit une barrière naturelle contre les bactéries, augmentant ainsi le risque de prolifération dans l’intestin grêle. Les déficits du système immunitaire compromettent la capacité du corps à contrôler cette prolifération bactérienne ; 

– Enfin, certaines maladies augmentent le risque de SIBO en raison de leurs effets sur le système digestif. C’est le cas de la pancréatite chronique, de la maladie cœliaque, de la mucoviscidose, de l’insuffisance intestinale, de la cirrhose du foie et de l’insuffisance rénale terminale; 

– Le vieillissement joue également un rôle, car avec l’âge, le fonctionnement du tube digestif peut devenir moins efficace. 

Quel test permet de mettre en évidence un SIBO ?

Le test de référence, bien que rarement pratiqué en raison de sa complexité (non disponible en France), consiste à aspirer le liquide présent dans le duodénum et jéjunum, deux sections de l’intestin grêle. Les bactéries qu’il contient sont ensuite mises en culture, puis comptées. Si leur nombre dépasse un certain seuil, le test est considéré comme positif. 

En pratique courante, le test respiratoire aux hydrates de carbone est privilégié, même si les experts reconnaissent que sa fiabilité est incertaine. Il consiste à ingérer 75 g de glucose, puis à mesurer la quantité de dihydrogène (H₂) expiré, qui reflète la présence de bactéries (elles « digèrent » le glucose en relarguant du H2) dans l’intestin grêle. Une augmentation de plus de 20 ppm par rapport aux valeurs de départ indique un test positif.  

Faut-il utiliser les autotests SIBO ?

Vu la complexité de ce test, et avec quelle facilité celui-ci est perturbé, la réponse est non. Aucune fiabilité de ce test n’est garantie, assurent les experts qui les déconseillent fortement.  

Comment traite-t-on le SIBO ?

Le traitement des conditions favorisant le SIBO repose avant tout sur la prise en charge des causes sous-jacentes, lorsque cela est possible.  

De plus, aucun régime spécifique n’est recommandé.  

Les antibiotiques peuvent être envisagés, bien qu’aucun protocole n’ait démontré de supériorité claire. L’efficacité d’un traitement antibiotique (une cure de 7-10 jours) doit être évaluée en fonction de l’amélioration des symptômes cliniques et, si nécessaire, par un test respiratoire de contrôle.  Si les symptômes réapparaissent et sont bien liés au SIBO, une nouvelle cure d’antibiotiques est possible. 

  • Source : SIBO, IMO : recommandations du Groupe Français de Neuro-Gastroentérologie Pr François MION (CHU de Lyon) aux Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive 2025 (JFHOD, 20-23 mars, Paris) ; Quigley et al. Gastroenterology 2020.

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

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