Benzodiazépines : un usage sans fin ?

18 octobre 2018

Prescrite contre l’anxiété, les troubles du sommeil et les insomnies majeures, les benzodiazépines présentent un risque de dépendance. Fait inquiétant, un quart des adultes sous ces médicaments les prennent encore un an après le début de la prescription.

Prescrits pour leurs propriétés sédatives, hypnotiques, anxiolytiques, anticonvulsivantes et myorelaxantes, les benzodiazépines agissent sur le système nerveux central. Ainsi, elles favorisent un mieux-être chez les personnes souffrant d’anxiété, d’insomnie chronique et/ou de dépression légère.

Une année sous benzodiazépines

En revanche, l’efficacité de ces molécules diminue dans le temps. Et conjointement, le risque de dépendance augmente. Pour évaluer l’impact sur le long terme, des chercheurs de l’Université de Michigan ont suivi 576 patients sous benzodiazépines. Parmi eux, 125 en prenaient encore un an après le début de la prescription survenue entre 2008 et 2016.

Point important, tous les volontaires inclus dans l’étude s’étaient vu prescrire ce médicament par un médecin généraliste et non par un psychiatre. Et plus le nombre de jours de prise était important, plus le risque de consommation à long terme était avéré.

Entre autres impacts, « cette prise de benzodiazépines sur le long terme accentue, du fait d’un seuil de vigilance abaissé, le risque d’accidents de voiture, de chute ». Notamment « chez les personnes âgées ».

Des prescriptions de très courte durée

Ces résultats prouvent que « nous devons sensibiliser les médecins aux prescriptions de très courte durée en évaluant régulièrement les symptômes pour s’assurer que la prise de benzodiazépines se justifie encore », explique le Pr Lauren Gerlach, auteur de l’étude. Cette mesure éviterait ainsi à de nombreuses personnes de prendre ces pilules sans besoin avéré. D’autant qu’en cas de fragilité psychologique, la tendance à prendre des médicaments pour se rassurer ne fait qu’accroître le risque d’entrée dans la dépendance.

Il s’agit aussi de « sensibiliser les médecins aux approches non médicamenteuses en privilégiant les thérapies cognitivo-comportementales ».

  • Source : JAMA Internal Medicine, le 10 septembre 2018

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

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