Boire régulièrement des sodas augmente le risque de consommer de l’alcool

13 décembre 2023

Consommer des sodas et boissons énergisantes contenant de la caféine inciterait les jeunes à se mettre à boire de l’alcool. Telle est la conclusion de chercheurs coréens intrigués par l’impact de cette substance addictive.

Pheelings/shutterstock.commedia

Les excès de caféine peuvent engendrer des maux de tête, d’estomac, une nervosité et des troubles de l’endormissement. Les gros consommateurs rapportent aussi des perturbations urinaires, des rougeurs du visage, des contractions musculaires involontaires et une agitation chronique.

Mais qu’en est-il de la caféine absorbée par l’organisme des jeunes lorsqu’ils boivent des sodas et des boissons énergisantes ? Des scientifiques coréens ont souhaité répondre à la question suivante : en termes de dépendance, y aurait-il un risque à ce que les jeunes adeptes des sodas aient tendance à développer un penchant pour l’alcool ? Et ce dans la population infantile, sachant qu’un impact négatif est déjà connu à ce sujet chez les adolescents et les adultes.

Mémoire de travail et impulsivité

Les chercheurs ont donc suivi 2 000 Américains âgés de 9 à 10 ans dont les consommations de boissons ont été rapportées. L’équipe d’experts a cherché non seulement à déterminer s’il existait un lien entre la consommation d’alcool et la consommation de sodas caféinés chez les jeunes enfants, mais aussi à mieux comprendre la relation entre la consommation de cette boisson et les facteurs de risque bien connus des troubles liés à la consommation de substances : la réduction de la mémoire de travail (par exemple, le fait de retenir une courte séquence de chiffres pendant quelques minutes) et l’augmentation de l’impulsivité.

Pour tester ces fonctions cognitives, les enfants ont été soumis à une série de tâches pendant que leur activité cérébrale était enregistrée. Par exemple, dans une tâche, les participants devaient déterminer si un objet qui leur était présenté était le même que celui montré dans les deux essais précédents.

Lors de l’exécution de la tâche de reconnaissance, les consommateurs quotidiens de caféine ont montré une activité plus faible dans une région du cerveau appelée cortex cingulaire antérieur (CCA). Or une activité réduite dans le CCA est fréquemment observée chez les enfants souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et chez les personnes souffrant de troubles liés à la consommation d’alcool et d’autres drogues.

Autre point, lors du test de mémoire de travail, les chercheurs ont également relevé chez les consommateurs quotidiens de caféine une moindre activation « dans une région cérébrale appelée gyrus frontal inférieur (IFG), qui fait partie du lobe frontal ». Des études antérieures ont montré « qu’une activation réduite dans le cortex frontal est liée à une capacité de mémoire de travail plus faible ».

« Ces résultats suggèrent fortement un lien entre la consommation quotidienne de sodas, une faible mémoire de travail et une forte impulsivité, qui sont elles-mêmes reconnues comme des facteurs de risque pour les troubles liés à la consommation de substances psychoactives », résume le Pr Mina Kwon (Université nationale de Séoul) à l’origine de l’étude. Dans le détail, ceux qui consomment de la caféine quotidiennement ont deux fois plus de risque de boire de l’alcool dans l’année.

L’hypothèse de la responsabilité commune

Une autre hypothèse pourrait expliquer ce phénomène ; celle dite de « la responsabilité commune ». Selon « cette théorie, les enfants qui sont naturellement moins capables de réguler leurs impulsions sont plus susceptibles de rechercher et d’essayer des substances telles que la caféine à un âge précoce. Puis, en grandissant, lorsqu’il devient plus facile d’accéder à des substances illicites, ils peuvent passer à des drogues plus dures comme l’alcool. »

A noter : chez les adolescents, des recherches antérieures ont suggéré que ceux qui boivent régulièrement des boissons énergisantes sont cinq fois plus susceptibles de consommer de l’alcool ou de la marijuana dans un délai d’un à deux ans.

  • Source : Substance Use & Misuse, le 8 novembre 2023

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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