Borderline: des ados au bord du gouffre
25 juin 2014
2% à 4% de la population adolescente est borderline. ©Phovoir
Le passage de l’enfance à l’âge adulte est une période pleine de bouleversements pas toujours faciles à vivre. Mais chez certains adolescents, le mal-être est si grand qu’il se traduit par des comportements dangereux : anorexie, boulimie, automutilation, violences envers autrui… Le psychiatre Maurice Corcos s’est exprimé récemment sur le sujet à l’occasion des Matinales de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France. Ce qu’il faut retenir.
« Beaucoup de termes sont employés pour parler des troubles graves qui affectent 2% à 4% des adolescents : ‘états limites’, ‘cas limites’, ‘fonctionnement limite’. Je privilégie le terme de fonctionnement limite car il sous-entend que rien n’est figé. Le développement de la personnalité à cet âge charnière de la vie peut évoluer, notamment grâce aux rencontres et aux soins prodigués », précise le professeur Maurice Corcos. Mais pour que la situation puisse s’arranger, il faut impérativement consulter. Les troubles qui affectent ces adolescents borderline ne peuvent que s’aggraver si rien n’est mis en place pour les accompagner. Parmi eux, 15% ont des comportements suicidaires.
Addictions et risques suicidaires
Comment faire la distinction entre une classique crise d’adolescence et un ‘fonctionnement limite’ ? Huit fois sur dix, ce dernier est associé à une addiction (alcool, drogue, jeux vidéo…) qui va permettre au jeune de se mettre en retrait du monde extérieur. Les problèmes de déscolarisation sont aussi très fréquents, tout comme l’automutilation, la boulimie, l’anorexie, les comportements violents… « Il n’est pas facile pour les parents d’accepter la réalité de ces signes. Ils ne sont pas pour autant négligents. Simplement, reconnaître une telle souffrance chez leur enfant leur est insupportable », constate le professeur Maurice Corcos. « Voilà pourquoi nous recevons tardivement ces jeunes. Souvent ils sont déjà en souffrance depuis 3 ou 4 ans. »
S’orienter vers un CMP
En cas d’inquiétude, il est donc essentiel de demander rapidement l’avis d’un spécialiste. Les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous avec un pédopsychiatre sont parfois longs. Le mieux est donc de contacter votre mairie ou l’hôpital le plus proche. Ils pourront ainsi vous orienter vers le centre médico-psychologique dont vous dépendez.
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Source : Interview du professeur Maurice Corcos, chef de service du département de psychiatrie de l’adolescent et de l’adulte jeune à l’Institut mutualiste Montsouris (Paris), le 23 juin 2014
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Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Dominique Salomon