BPCO : quand la pollution envahit nos bronches
21 décembre 2021
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) touche entre 800 000 et 1 million de patients en France. Cette maladie respiratoire chronique est principalement provoquée par le tabagisme. Mais aussi par l’exposition aux polluants de l’air comme les particules fines, le dioxyde d’azote et l’ozone.
En France, chez les plus de 65 ans, 9% des hommes et 4% des femmes souffrent d’une BPCO, maladie caractérisée par l’obstruction des bronches. Si la majorité des cas se déclenche sous l’effet d’un tabagisme chronique, la cigarette ne serait pas la seule coupable. La pollution de l’air entre aussi en ligne de compte.
Pour y voir plus clair sur ce sujet, des chercheurs du CHU d’Amiens ont ouvert l’enquête BEPoPI. Le principe : évaluer le lien de cause à effet entre l’exposition aux particules fines (PM10 et PM2.5), au dioxyde d’azote et à l’ozone, et l’aggravation d’une BPCO déjà diagnostiquée.
Fer, aluminium, PM10, PM2,5
Résultat, du 1er janvier au 31 décembre 2020, « 180 passages (91,1% aux urgences du CHU Amiens-Picardie) pour exacerbations de BPCO ont été inclus (110 patients) ». Précisément, sur les 11 épisodes de pollution rapportés dans les Hauts-de-France en 2020, les chercheurs ont relevé 22% d’exacerbations chez les malades, « liés à l’augmentation de 1 ng/m3 de manganèse » présent dans les particules fines PM10.
Autre point, les chercheurs ont confirmé :
– « un lien entre les consultations aux urgences et les concentrations des plus petites particules ultrafines (moins de 50 nm) » ;
– « une corrélation entre le césium, le fer, le vanadium, l’aluminium, le titane (présents dans les particules PM10) et les consultations aux urgences pour exacerbation de BPCO » ;
– « l’absence de lien significatif entre les concentrations en Black Carbon et en particules PM2.5 avec les consultations des patients pour exacerbation de BPCO. »
Déjà en 2017-2018, la même équipe avait fait le lien entre « les concentrations plus élevées des particules (PM10 et PM2.5), du dioxyde d’azote et de l’ozone, et une augmentation des consultations aux urgences pour cause d’exacerbation de la BPCO ».
Une maladie irréversible
La BPCO constitue une maladie grave : elle affecte le souffle, diminue les capacités respiratoires et atteint la fonction pulmonaire de façon irréversible. Son évolution est longue et progressive. Deux à trois fois par an en moyenne, la maladie s’aggrave sous forme d’exacerbation.
Les principaux symptômes relèvent de toux et de crachats. Au fil du temps, un essoufflement à l’effort survient, en lien avec le rétrécissement des bronches qui gênent la ventilation : les poumons ont du mal à se vider. A un stade plus avancé de la maladie, cette gêne persiste au repos. Les complications le plus fréquentes de la BPCO relèvent de l’emphysème* et de l’insuffisance respiratoire chronique**.
*les alvéoles, petits sacs pulmonaires où se font les échanges de gaz avec le sang, fusionnent entre elles et provoquent un essoufflement chronique
** manque d’oxygène chronique nécessitant souvent la mise du patient sous oxygénothérapie pour préserver au maximum la fonction cardiaque
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Source : CHU d’Amiens, le 7 décembre 2021
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Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet