Cancer de la prostate : les chances de survie à la hausse

06 juin 2017

Les vents tournent dans la prise en charge du cancer de la prostate métastatique. Et dans le bon sens ! En complément de l’hormonothérapie classique, l’abiratérone augmente le pronostic vital de… 38%. Une découverte révélée par Pr Karim Fizazi, chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif), à l’occasion du Congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) organisé à Chicago du 2 au 6 juin.

Chaque année en France, la tumeur de la prostate touche 55 000 nouveaux patients. Parmi eux, 10% à 15% présentent d’emblée des métastases osseuses ou lymphatiques. C’est-à-dire un stade avancé de la maladie caractérisé par une migration des cellules cancéreuses dans le corps, au-delà de la prostate. Depuis 2015, le traitement associe la chimiothérapie à l’hormonothérapie. Soient des molécules capables d’inhiber la surproduction de la testostérone par les testicules, phénomène caractéristique de ce cancer présentant une forte dépendance aux hormones androgènes. Mais l’action de ces inhibiteurs ne suffit pas : après leur prescription, une production d’hormone résiduelle persiste en effet, et continue de nourrir les cellules cancéreuses.

+38% des chances de survie !

Associée à l’hormonothérapie classique, l’abiratérone, elle, fait ses preuves. Il s’agit « d’une hormone de nouvelle génération capable de bloquer la surproduction de testostérone par les glandes surrénales et les cellules cancéreuses », révèle le Pr Karim Fizazi* dans l’étude LATITUDE présentée lors du Congrès de l’ASCO organisé à Chicago du 2 au 6 juin.

VIDEO : écoutez les précisions du Pr Karim Fizazi :

Mené entre février 2013 et décembre 2014, cet essai clinique (phase III) a regroupé 1 300 volontaires dans 235 centres de 34 pays. En plus de l’hormonothérapie classique, les patients ont reçu au hasard un placebo ou de l’abiratérone. En complément, des corticoïdes (prednisone) ont été prescrits pour éviter les effets indésirables liés à l’abiratérone (hypertension artérielle, diminution du taux de potassium sanguin).

Résultats, cette combinaison thérapeutique « diminue d’environ 40% le risque de décès et de plus de 50% le risque de rechute du cancer après 2 ans et demi de suivi ». L’abiratérone présente par ailleurs l’avantage d’être bien tolérée, contrairement aux inhibiteurs de la testostérone entraînant de nombreux effets indésirables (baisse de la libido, de la puissance sexuelle, du dynamisme ou encore une prise de poids, un risque élevé de diabète et d’ostéoporose).

Un bel avenir ?

Cette avancée marque un grand pas en avant alors que la prise en charge du cancer de la prostate métastatique stagnait. Mais pour élargir son indication** et en faire un traitement standard, l’abiratérone développée par le laboratoire Janssen doit encore être présentée à l’Agence européenne des médicaments (EMA). Puis en France auprès de l’ANSM avant de passer entre les mains du Comité économique des produits de santé (CEPS) chargé de fixer son prix.

A noter : une seconde étude européenne, PEACE1 compare actuellement les bénéfices de l’abiratérone associée à l’hormonothérapie seule ou au cocktail hormonothérapie + chimiothérapie. Initié en 2013 auprès de 800 patients (dont 600 Français), ce travail sera publié en 2020.

* chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif)
**Depuis 2012, l’abiratérone dispose d’une AMM pour les seuls cas de résistance à l’hormonothérapie classique, de rechute avant ou après une chimiothérapie

  • Source : de notre envoyée spéciale au 52e Congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), organisé à Chicago du 2 au 6 juin 2017. Interview du Pr Karim Fizazi, chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Gustave Roussy. New England Journal of Medicine, le 4 juin 2017

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Dominique Salomon

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