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Depuis plusieurs années, la vaccination contre les papillomavirus humain (HPV) après une ablation d’une partie du col de l’utérus en raison de lésions précancéreuses*, était considérée comme une option efficace pour réduire le risque de récidive. Certaines études suggéraient même une réduction de plus de 50 %. Toutefois, ces conclusions étaient controversées, car fondées sur des études soulevant d’importantes interrogations concernant la méthodologie employée.
De nouvelles données remettent en cause ces conclusions. Une méta-analyse de référence, publiée fin 2024 dans la grande revue scientifique PLOS ONE, a réévalué la question avec une méthodologie plus rigoureuse : elle a sélectionné uniquement des essais cliniques prospectifs de haute qualité. Les résultats ne montrent aucun bénéfice significatif de la vaccination après traitement chirurgical local.
Ces conclusions sont renforcées par les premières données d’un grand essai néerlandais, présentées en novembre 2024 lors du congrès de la Société internationale sur le papillomavirus (IPVC, Édimbourg). Ils n’ont mis en évidence aucun effet protecteur significatif de la vaccination post-traitement.
Le coup de grâce vient d’être apporté par l’étude la plus probante à ce jour : l’essai NOVEL, une étude prospective, randomisée et en double aveugle (le « top » de la méthodologie scientifique), dont les résultats préliminaires ont été présentés lors du congrès européen d’oncologie gynécologique (EGO) à Rome, qui vient de se terminer.
NOVEL a inclus 1 100 patientes immédiatement après un traitement des lésions de haut grade ou d’un adénocarcinome in situ (forme précoce de cancer du col de l’utérus, limitée aux cellules glandulaires sans envahissement des tissus profonds). Ces femmes ont été réparties aléatoirement entre un groupe recevant le vaccin contre le HPV et un groupe placebo, avec un suivi rigoureux sur deux ans.
Le verdict ? Aucun bénéfice thérapeutique de la vaccination contre les HPV après traitement chirurgical local, ni pour la prévention de la persistance de l’infection par les virus HPV, ni pour la réduction du risque de récidive des lésions cervicales.
Ces résultats confirment que seule la vaccination avant 14 ans permet de prévenir les lésions précancéreuses et le cancer du col de l’utérus. Par conséquent, la vaccination post-traitement ne doit pas être recommandée, rappelle la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale. Le débat est clos.
*en termes techniques, un « traitement par conisation des lésions intraépithéliales de haut grade CIN2/3 ».
Source : Communiqué de la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (14 mars 2025) ; ESGO's 26th European Gynaecological Oncology Congress, from February 20-23, 2025, Rome, Italy ; essai NOVEL : Kyrgiou et al. ESGO 2025 ; Van de Laar R, et al. IPVC 2024 ; Effect of human papillomavirus (HPV) vaccination on HPV infection and recurrence of HPV related disease after local surgical treatment: A systematic review and meta-analysis Cao Q, et al. PLOS ONE 2024;19:e0312128.
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet