Cancer du sein : comment la biopsie liquide peut-elle révolutionner la prise en charge ?

01 octobre 2025

A l’occasion d’Octobre Rose, l’Institut Curie fait le point sur la biopsie liquide qui nourrit ces dernières années beaucoup d’espoir pour la prise en charge des femmes atteintes d’un cancer du sein. Une simple prise de sang peut-elle révolutionner à la fois le dépistage, le pronostic et le traitement ?

Le cancer du sein est le plus fréquent en France et la première cause de décès par cancer chez la femme. En 2023, 61 214 nouveaux cas ont été diagnostiqués, 12 757 décès ont été enregistrés. A l’occasion d’Octobre Rose, mois de sensibilisation au cancer du sein, l’Institut Curie (Paris) braque les projecteurs sur la biopsie liquide, une simple prise de sang capable de détecter des biomarqueurs circulants, ces éléments relargués par la tumeur dans le sang. Cette révolution en cancérologie offre de vastes possibilités : concernant le dépistage, le diagnostic mais aussi le pronostic, le suivi, l’efficacité et la résistance aux traitements.

« Ces biomarqueurs peuvent être de l’ADN tumoral, des cellules tumorales, des vésicules extracellulaires ou encore des ARN, précise le Pr Jean-Yves Pierga, oncologue médical à l’Institut Curie. Et ils pourraient être ou sont déjà de précieux alliés contre les cancers du sein, à différentes étapes de la maladie. » Bien moins invasive que la biopsie traditionnelle, la biopsie liquide pourra remplacer le prélèvement de tissus, sans altérer la qualité de vie des patientes.

Quelles applications ?

Concernant le dépistage, le principe de la biopsie liquide est d’identifier l’ADN provenant de cellules cancéreuses dans le sang. Comme le rappelle l’Institut Gustave Roussy (Villejuif), la dégradation des cellules saines ou tumorales dans l’organisme est un phénomène naturel : des brins d’ADN circulent ainsi dans le flux sanguin. « C’est un vrai défi technologique car la quantité d’ADN tumoral circulant est très faible. » Mais elle pourrait bientôt compléter les examens radiologiques actuels.

La biopsie liquide sert aussi à caractériser le diagnostic et le pronostic. En effet, le type de matériel circulant et leur quantité peuvent donner de précieuses indications sur l’agressivité et la dissémination de la maladie. Précieuse pour mesurer l’efficacité du traitement, la biopsie liquide l’est également pour suivre la patiente, une fois les soins terminés. La présence d’ADN tumoral pourra permettre de diagnostiquer précocement une récidive.

La biopsie liquide permet aussi de révéler l’hétérogénéité tumorale dans le cancer métastatique. « En cas de métastases, il est impensable d’aller faire une biopsie dans chaque organe atteint pour identifier les éventuelles mutations de la tumeur ou de rebiopsier à chaque évolution de la maladie, explique le Dr Luc Cabel, oncologue médical à l’Institut Curie. Avec la biopsie liquide en revanche, elles peuvent toutes être retrouvées dans le plasma et il est possible d’identifier des mécanismes de résistance différents chez un même patient, à un instant précis comme au cours de l’évolution de la maladie. »

Pour l’heure, la biopsie liquide n’est que partiellement utilisée dans la prise en charge du cancer du sein. En routine, elle permet de rechercher la présence de mutation génétique dans l’ADN tumoral circulant. « C’est là un défi majeur dans l’utilisation des biomarqueurs, souligne le Pr Jean-Yves Pierga. Il faut passer de la validité clinique à l’utilité clinique. En d’autres termes, réussir à tirer profit des biomarqueurs circulants pour améliorer réellement la qualité de vie ou la durée de survie des patientes. »

Plusieurs études en cours

Plusieurs études sont actuellement menées pour valider de nouvelles techniques d’analyse. Ainsi l’étude Cupcake, qui débutera à la fin de l’année 2025, visera à détecter la récidive d’un cancer du sein triple négatif, à haut risque de rechute, au niveau moléculaire, grâce à la biopsie liquide. Objectif : mettre en place une stratégie thérapeutique avant même l’arrivée des symptômes.

L’étude Mondrian sert, elle, à évaluer précocement l’efficacité d’une chimiothérapie en s’appuyant sur les variations de la quantité d’ADN tumoral circulant. Outre le fait de s’assurer de l’efficacité d’un traitement, la biopsie liquide pourrait permettre de limiter l’administration de traitements inefficaces, et parfois lourds, pour la patiente.

Dans le cancer du sein hormonodépendant, l’essai PADA-1 a, quant à lui, révélé en 2022 qu’en analysant l’ADN tumoral circulant pour y détecter l’apparition d’une mutation (ESR1), il était possible d’adapter précocement le traitement pour contourner cette résistance. Cette mutation est synonyme de résistance à l’hormonothérapie par anti-aromatases (le traitement de référence), censée bloquer la production des hormones. La solution est venue d’une nouvelle classe d’hormonothérapie, des dégradeurs de récepteurs aux œstrogènes. On n’agit plus alors sur la production mais sur les récepteurs eux-mêmes. Une nouvelle étude a été lancée à plus grande échelle. Il s’agit d’un essai clinique international de phase III sur la base de PADA-1, SERENA-6, avec une nouvelle molécule, plus performante. Les premiers résultats, publiés en juin 2025, sont encourageants.

L’enjeu actuel réside aussi dans la recherche de nouveaux biomarqueurs – des indices moléculaires de plus en plus précis – et la mise au point de nouvelles techniques qui permettent d’améliorer  leur détection.

  • Source : Institut Curie, Gustave Roussy

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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