Cancer du sein : un traitement personnalisé après 65 ans

14 juin 2022

Quel est l’impact d’un traitement personnalisé sur la qualité de vie des femmes de plus de 65 ans atteintes d’un cancer ? Eléments de réponse.

Jusqu’ici, dans le cadre d’un cancer hormono-dépendant, l’indication après la chirurgie d’une chimiothérapie en plus de l’hormonothérapie était sujet à critique auprès de la population de plus de 70 ans. Mais cette approche pourrait-elle s’avérer efficace dans certains cas ?

Pour le savoir, l’équipe du Pr Etienne Brain, oncologue spécialiste de la prise en charge des sujets âgés à l’Institut Curie, a mené l’étude Aster 70s entre 2014 et 2016. Le principe : suivre près de 2 000 patientes* âgées de plus de 65 ans et atteintes d’un cancer du sein hormono-dépendant**, le plus fréquent parmi les tumeurs du sein. Parmi elles, 1 069 volontaires souffraient d’une tumeur agressive. Après tirage au sort, la moitié de la cohorte a bénéficié de la chimiothérapie, la seconde moitié n’y a pas eu accès. « C’est la première fois que l’on dispose d’une étude d’une telle ampleur au sein d’une population qui est habituellement exclue des essais cliniques », affirme le Pr Brain.

Profiler les tumeurs

Les résultats de cet essai clinique de phase 3 ont été présentés à l’occasion du Congrès américain de cancérologie. Le Pr Brain le confirme : en se basant sur les données génomiques de chaque tumeur, à l’échelle individuelle donc, il est possible de se prononcer sur la pertinence et le degré d’efficacité de la chimiothérapie pour chaque femme. Dans une démarche de désescalade thérapeutique, le bénéfice de cette approche, même minime chez certaines patientes, est à prendre en compte car elle diminue leur exposition aux effets indésirables de la chimiothérapie.

Ces profilages de tumeurs permettent globalement de mieux évaluer l’impact des protocoles thérapeutiques. Les informations recueillies permettent d’en savoir davantage sur « l’état de santé des patientes (dont les paramètres gériatriques), leur qualité de vie, mais également leurs tissus, leurs analyses de sang… ». L’objectif étant de faire le lien entre une possible « dégradation ou accélération du vieillissement que le traitement lui-même peut déclencher ».

*suivies dans 61 centres français et 12 centres belges

**atteintes d’un cancer du sein hormono-dépendant [récepteurs aux œstrogènes positifs, HER2-négatif (ER+/HER2-)], primitif ou sous forme d’une rechute locale

 

  • Source : American society of Clinical Oncology (ASCO), organisé du 3 au 7 juin 2022, Chicago

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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