Cancer du pancréas : savoir reconnaître la maladie

17 novembre 2016

En 2015, le cancer du pancréas a touché 11 328 nouveaux patients en France. Difficile à diagnostiquer, cette maladie est souvent prise en charge à un stade déjà bien avancé. Un retard de traitement à l’origine du faible pronostic vital. Les précisions du Pr Philippe Rougier, hépato-gastro-entérologue au CHU de Nantes, à l’occasion de la 3ème journée mondiale de lutte contre le cancer du pancréas.

Organe profond, le pancréas est logé dans l’abdomen juste derrière l’estomac. Cette position complique le diagnostic à l’examen clinique par palpation. Et les symptômes associés au cancer du pancréas se confondent avec d’autres pathologies. D’où un retard fréquent de diagnostic. « Actuellement sept à huit mois voire une année peuvent s’écouler entre l’apparition des premiers symptômes et la confirmation de la maladie. »

Mais de quels signes parle-t-on ?  « De l’apparition d’un ictère (jaunisse), de troubles digestifs, de douleurs abdominales mais aussi de troubles dépressifs, d’une dégradation générale de l’état de santé », souligne le Pr Rougier. Autres signes alertant, « la survenue d’une phlébite non associée à une maladie cardiovasculaire et l’apparition d’un diabète de type 2, liée à la survenue d’une insulino-résistance ».

Pour un meilleur pronostic vital

« Informer les médecins généralistes et la population sur ces symptômes est essentiel pour anticiper le diagnostic et donc la prise en charge de cette maladie », martèle Philippe Rougier. L’enjeu étant d’améliorer le pronostic vital du cancer du pancréas aujourd’hui classé parmi les 5 tumeurs les plus dangereuses : la survie à 5 ans n’est que de 5%.  « La moitié des cancers sont en effet diagnostiqués au stade métastase. Et pour la seconde moitié, seul un cas sur cinq bénéficiera d’une résection – retrait chirurgical –  du tissu pathologique .» 

Quels facteurs de risques ?

« La cause de la maladie reste une énigme », souligne le Pr Rougier. Mais comme pour la plupart des cancers, deux classes de facteurs de risques existent :

  • Les facteurs non modifiables influant de façon irrévocable la sensibilité aux tumeurs du pancréas. Parmi eux, la prédisposition familiale déterminée « à partir de 2 cas de cancer du pancréas au premier degré de parenté, et plus de 3 cas quel que soit le degré ». Avec un pic répertorié entre 65 et 75 ans, l’âge entre aussi en ligne de compte. Autres facteurs, « une pancréatique chronique ou héréditaire, l’appartenance à un groupe sanguin hors O, à une ethnie afro-américaine. Mais aussi certains mélanomes de forme familiale et les cancers du sein et de l’ovaire (gène BRCA2 muté) » Moins connus, les « syndromes de Peutz-Jeghers ou de Lynch constituent aussi des facteurs de fragilité ».
  • Les facteurs modifiables sur lesquels il est possible d’intervenir, comme le tabac, l’alcool, une alimentation riche en graisses et en produis carnés, un régime pauvre en folate (vitamine B12) retrouvée dans les crustacés et le jaune d’œuf.

A noter : Avec 9,5 cas pour 100 000, les hommes sont les plus exposés au risque de développer un cancer du pancréas. L’incidence au féminin est de 6,5 pour 100 000. Mais qu’en est-il des disparités régionales ? « Cette maladie touche davantage les habitants des régions du nord de la France que celles du sud », explique le Pr Rougier.

  • Source : Interview du Pr Philippe Rougier, hépato-gastro-entérologue au CHU de Nantes, le 17 novembre 2016. fondation A.R.CA.D (Aide et Recherche en CAncérologie Digestive), novembre 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche

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