Cancer du rein : l’excès pondéral garant d’une meilleure survie ?
20 septembre 2016
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Affectant une part croissante de la population française, le surpoids et l’obésité augmentent le risque de développer un cancer du rein. Fait surprenant, chez les patients diagnostiqués pour cette maladie, l’excès pondéral joue en faveur d’un meilleur pronostic vital. Mais comment expliquer ce mécanisme ?
Fragilisant le métabolisme, l’excès pondéral constitue un facteur aggravant en cancérologie. Ainsi, 14 cancers seraient associés au surpoids et à l’obésité. Parmi eux, le cancer du rein. Démarche atypique, dans le cadre précis de cette maladie, des scientifiques du centre Gustave Roussy se sont penchés sur les chances de guérison liées au statut pondéral. L’équipe du Dr Laurence Albiges* a analysé les dossiers de 1 975 patients. Diagnostiqués pour un cancer du rein, tous suivaient une thérapie ciblée.
8 mois de vie en plus
Résultats, l’obésité et le surpoids restent préjudiciables pour la santé. Mais ces facteurs de risques endossent un nouveau rôle : un tremplin pour gagner des années à vivre. « A un stade métastatique, chez les patients en surpoids ou obèses, la maladie progresse moins vite et les malades vivent plus longtemps que ceux dont l’IMC est normal ou faible. » Précisément, les malades dont « l’IMC est élevé (supérieur ou égal à 25) présentent une médiane de survie globale de 25,6 mois. Contre 17,1 mois pour les patients dont l’IMC est normal ou bas ».
Pour étayer cette hypothèse, direction l’autre côté de l’Atlantique. Là où des scientifiques du Lank Center for Genitourinary Oncology ; Institut Dana-Farber (Boston, USA) ont passé au crible un plus large échantillon. En substance, l’équipe des Dr Albiges et Choueri a recueilli les données de 4 657 patients inclus dans des essais cliniques menés entre 2003 et 2013.
Mystérieuse enzyme
Là encore les informations obtenues pour expliquer ce phénomène sont précieuses. « Aucune différence de l’ADN tumorale ni de mutation génétique n’ont été mises en avant ». En revanche l’expression des gènes, elle, présente une nette variabilité. Le gène responsable de la synthèse de l’acide gras synthase s’exprime moins bien chez les patients obèses. Or cette enzyme joue un rôle essentiel dans le métabolisme cellulaire des acides gras et sa surexpression, qui a déjà été observée dans de nombreux cancers, est associée à un mauvais pronostic, notamment dans le cancer du rein.
À partir de ces résultats, les auteurs concluent qu’évaluer, en fonction de l’IMC des patients, l’effet d’un inhibiteur de l’expression de l’acide gras synthase serait une piste de recherche intéressante chez des malades atteints d’un cancer du rein.
* urologue et responsable du comité de cancérologie Genito-Urinaire à Gustave Roussy
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Source : Journal of Clinical Oncology, le 7 septembre 2016
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche