Cancers du col de l’utérus : un vaccin thérapeutique efficace à 100 %… chez la souris
28 septembre 2023
Mettre à contribution le système immunitaire de l’hôte pour qu’il élimine les tumeurs induites par le papillomavirus humain (HPV), tel est le principe d’un vaccin thérapeutique prometteur contre le cancer du col de l’utérus. Développé par le laboratoire commun Institut Pasteur-TheraVectys, ce vaccin « onco-thérapeutique » anti-HPV a réussi à éradiquer 100 % des tumeurs et à éliminer les métastases pulmonaires chez la souris. Un essai chez l’homme est envisagé dès 2024.
Les papillomavirus humains (HPV) sont à l’origine de la quasi-totalité des cancers du col de l’utérus et de nombreux cancers oropharyngés et anogénitaux. Les deux types les plus fréquents et à haut risque, le VPH16 suivi du VPH18, sont responsables de 71 % des cancers du col de l’utérus.
La campagne de vaccination lancée à la rentrée 2023 pour tous les élèves de 5e utilise un vaccin classique dit « prophylactique », stimulant chez l’individu des anticorps neutralisant le virus HPV. Bien qu’efficaces pour prévenir l’infection, ces vaccins n’ont aucun effet sur les cellules déjà infectées ou malignes.
Dans un essai préclinique sur des souris, un nouveau vaccin basé sur un vecteur lentiviral (Lenti-HPV-07) a produit des effets assez spectaculaires : une simple injection intramusculaire de Lenti-HPV-07 chez des souris porteuses de tumeurs induites par le HPV a déclenché des réponses cellulaires fortes contre les antigènes « Early »E6 et E7 des virus.
Éradication des tumeurs et des métastases chez toutes les souris
Simultanément, les chercheurs ont constaté une éradication totale des tumeurs et des métastases chez 100 % des souris testées grâce à cette immuno-oncothérapie, avec la mise en place d’une immunité protectrice à long terme empêchant les rechutes tumorales. De plus, cette thérapie a modulé l’environnement de la tumeur de telle sorte qu’il favorise l’élimination des cellules cancéreuses.
Les résultats prometteurs obtenus chez la souris permettent d’envisager un essai clinique chez l’homme dès le début de l’année 2024 (essai clinique de phase I/II). L’étude sera menée au Moffitt Cancer Institute en Floride (États-Unis), portant sur des patients atteints de cancers du col de l’utérus ou de la tête et du cou induits par les HPV16 et 18.
Outre son excellent profil de tolérance, cette technologie offre la possibilité de potentialiser d’autres immunothérapies dirigées contre les tumeurs malignes provoquées par les virus HPV.
D’autres vaccins utilisant la technologie de l’ARN messager sont également en développement. Cependant, contrairement à l’oncothérapie Lenti-HPV-07, ils agissent exclusivement sur les cancers débutants, de taille modeste, avec un risque de rechute élevé.
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Source : Douguet L., Fert I., Lopez J. et al. Full eradication of pre-clinical human papilloma virus-induced tumors by a lentiviral vaccine. EMBO Mol Med (2023) e17723 - Ramos da Silva J, Bitencourt Rodrigues K, Formoso Pelegrin G, et al. Single immunizations of self-amplifying or non-replicating mRNA-LNP vaccines control HPV-associated tumors in mice. Sci Transl Med. 2023 Mar 8;15(686):eabn3464. doi: 10.1126/scitranslmed.abn3464. Epub 2023 Mar 8. PMID: 36867683
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Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet