Infections à papillomavirus humain : montée en puissance de la stratégie vaccinale
06 septembre 2023
Avec une campagne de vaccination contre les HPV pour les élèves de 5e et un décret permettant notamment aux pharmaciens de prescrire et vacciner dès 11 ans, la France veut rattraper son retard en termes de vaccination contre les infections à HPV. Objectif : atteindre 80 % de couverture vaccinale en 2030.
Les autorités sanitaires lanceront le 2 octobre prochain une campagne de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) pour les collégiens de 5e. Parallèlement, les pharmaciens peuvent désormais prescrire et vacciner à partir de 11 ans. La mesure a été prise par décret le 8 août 2023 et concerne également les infirmiers et sage-femmes.
L’objectif fixé par la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 est ambitieux : atteindre les 80 % de garçons et filles vaccinés contre le HPV à l’horizon 2030. Et on en est encore loin selon les chiffres de Santé publique France. Seules 41,5 % des filles de 16 ans présentaient un schéma vaccinal complet en 2022. Ils n’étaient que 8,5 % de garçons en 2021. Des chiffres en deçà de la plupart des voisins européens de la France.
Des adolescents qui consultent peu
Permettre aux pharmaciens de prescrire et vacciner dès 11 ans contre le HPV vise à simplifier le parcours vaccinal et à augmenter la couverture vaccinale. Comment professionnels et parents accueillent-ils la mesure ? Pour le savoir, la société IQVIA, spécialisée dans les données de santé, a interrogé pour le groupe pharmaceutique MSD France, 800 parents d’adolescents âgés de 11 à 19 ans, 200 pharmaciens et 200 généralistes. Résultats : 85 % des pharmaciens et 70 % des parents voient dans ce nouveau parcours vaccinal un outil pour augmenter le taux de vaccination contre le HPV. Deux pharmaciens sur trois et un parent sur deux se déclarent d’ores et déjà favorables à une vaccination HPV en officine.
« Cette mesure est un progrès majeur car les adolescents sont généralement peu malades et donc consultent peu. Chaque opportunité de pouvoir les sensibiliser avant qu’ils ne sortent du bon créneau des recommandations vaccinales est donc à saisir ! Cet élargissement de compétence en parallèle de la mise en place de la vaccination dans les collèges ouvre la perspective d’une élimination des cancers HPV-induits d’ici une quinzaine d’années », souligne le Dr Rodolphe Chastel, médecin généraliste à Lyon.
Un virus très contagieux
Pour mener à bien cette nouvelle mission, le décret du 8 août 2023 prévoit des modules de formation pour les pharmaciens. Il s’agira, pour le volet prescription, de connaître « les caractéristiques des maladies à prévention vaccinale, la traçabilité des vaccinations et les principales recommandations du calendrier des vaccinations ». Pour l’administration, de maîtriser « le cadre normatif et les objectifs de santé publique de la vaccination, les modes d’injection et le suivi post-injection ».
Selon l’Institut national du cancer, 6 300 nouveaux cas de cancers sont causés par les HPV chaque année en France. Ils sont responsables de 100 % des cancers du col de l’utérus. Et 25 % des cancers provoqués par les HPV surviennent chez les hommes. Ces cancers concernent la sphère ORL, l’anus, le pénis, la vulve et le vagin. Les HPV sont également responsables des condylomes, ces verrues génitales externes bénignes. Selon Santé publique France, 80 % des personnes seront infectées par virus HPV au cours de leur vie.
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Source : MSD (31 août 2023), Institut national du Cancer, Santé publique France
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par: Vincent Roche