Cancers : un risque de récidive toujours présent
26 octobre 2023
La crainte de la récidive ronge de nombreux patients qui ont gagné une première bataille contre le cancer. Pourquoi les cancers récidivent-ils et peut-on prévenir ces rechutes ? Réponses.
Récidive. C’est à cause d’elle que le mot guérison est rarement utilisé par les oncologues lorsqu’ils s’adressent à leurs patients. Ils lui préfèrent le terme de rémission complète. Car même s’il s’éloigne avec le temps, le risque de récidive d’un cancer existe toujours.
Selon l’Institut national du cancer, la récidive est la « réapparition de cellules cancéreuses, au même endroit ou dans une autre région du corps. Une récidive peut survenir très tôt après la fin des traitements, mais aussi après une longue période de rémission. On parle aussi de rechute ». Ainsi, la récidive peut être une reprise locale du cancer, là où se trouvait la tumeur initiale ou dans les tissus avoisinants. Elle peut aussi survenir par des métastases, les cellules cancéreuses ayant gagné un autre organe ou des tissus éloignés de la zone initiale via la lymphe ou le sang.
Des cellules invisibles
Comment peut-on expliquer une récidive dès lors qu’un patient se trouve en rémission ? « On peut ne plus détecter de maladie. On parle alors de rémission complète, ce qui signifie qu’il n’y a plus de cellules de maladie détectables avec les moyens dont on dispose », nous expliquait récemment le Pr. Steven Le Gouill, hématologue, directeur de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie. C’est-à-dire qu’il peut rester une cellule cancéreuse résiduelle que les moyens actuels de la médecine ne sont pas capables de détecter. Cette cellule est pourtant bien présente et pourra être responsable d’une récidive à plus ou moins long terme. La majorité des cancers récidivants reviennent dans les 2 à 3 ans après le traitement, le risque diminue ensuite après 5 ans.
Quels sont les cancers à plus fort risque de récidive ?
Le cancer du sein, premier cancer chez la femme, figure parmi les plus à risque de récidive. Selon le Dr. Paul Cottu, chef adjoint du département d’oncologie médicale de l’Institut Curie, « dix ans après le premier diagnostic, 15 à 20 % des cancers du sein récidivent ». Le plus grand risque de rechute concerne les cancers dits triple négatif avec en moyenne 20 à 30 % de rechute. « Tous types de cancers confondus, on observe un pic de récidive locale ou d’apparition de métastases deux ans après les traitements », précise le spécialiste sur le site de l’Institut.
Les risques de réapparition des cancers de la peau, carcinome basocellulaire et carcinome spinocellulaire, sont plus élevés respectivement, au cours des 3 et 2 premières années après le traitement. Un suivi régulier et une attention toute particulière à des changements de la peau sont recommandés.
Le cancer du poumon non à petites cellules représentent 84 % des diagnostics de cancers du poumon et sont à majorité non métastatiques. Pourtant, entre 30 à 55 % de ces cancers récidiveront, selon l’Institut Curie.
Les tumeurs cérébrales récidivent également fréquemment. « En cause, la présence en leur sein de cellules souches cancéreuses capables de se renouveler perpétuellement, de se disséminer, de reformer une tumeur complète et de résister aux traitements », explique la fondation pour la recherche médicale.
Les récidives du cancer du pancréas sont également très fréquentes, métastatiques et/ou locales. « Il est important de dépister une récidive tumorale avant l’apparition de symptômes pour permettre de traiter cette récidive de façon plus efficace et améliorer la survie à distance », note l’Institut national du cancer.
Peut-on prévenir les récidives ?
Pour prévenir le risque de récidive locale ou métastatique, les patients reçoivent un traitement adjuvant en complément du traitement principal. « Un traitement adjuvant est un traitement de sécurité. Une chirurgie, une chimiothérapie, une radiothérapie, une hormonothérapie, une immunothérapie peuvent être des traitements adjuvants », note l’Institut national du cancer.
En outre, si on parle de cancers évitables – provoqués par des comportements délétères comme le tabac, l’abus d’alcool – on ne parle pas de récidives évitables. Toutefois, une bonne hygiène de vie et une activité régulière participeraient à prévenir le risque de rechute.
Un suivi médical régulier et une vigilance face à l’apparition de signes sont également essentiels afin de traiter à un stade précoce les récidives.
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Source : crainte de la réapparition du cancer, Société canadienne du cancer – Fondation médicale pour la recherche – Institut Curie – Institut national du Cancer
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet