Certificat médical, « étape indispensable du dépistage »
10 décembre 2013
Le certificat annuel est obligatoire depuis la Loi Buffet du 23 mars 1999 pour les sportifs en compétition. Et fortement conseillé pour les sportifs d’un niveau débutant ou intermédiaire. ©Phovoir
A chaque rentrée, la visite chez le médecin s’impose pour obtenir un certificat médical. Mais ce précieux sésame, autorisant la pratique d’un sport à l’année, pourrait bien vivre ses dernières heures. Selon la ministre des Sports, Valérie Fourneyron, une consultation tous les deux ans pourrait en effet suffire pour s’inscrire en club. Mais plusieurs médecins s’inquiètent de cette proposition.
« Au-delà du certificat sportif, la visite annuelle des jeunes permet de dépister un souffle au cœur, et plus généralement de surveiller de près la santé souvent fragile des enfants et adolescents », explique Gérald Galliot, médecin généraliste membre de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF). Vaccins, troubles scoliotiques, anxiété, surcharge pondérale : chez un enfant en pleine croissance, les raisons ne manquent pas pour justifier une consultation annuelle.
Mais cette surveillance risquerait d’être moins pertinente avec une visite tous les deux ans « Cette mesure proposée par le ministère de Sports est à manier avec beaucoup de précaution. Officiellement, les médecins généralistes et les médecins du sport, pourtant en première ligne pour la sécurité des patients, n’ont même pas été consultés », précise Gérald Galliot.
Une perte de temps ?
Reste que pour le ministère et plusieurs fédérations sportives, le « rituel du certificat » représente une perte de temps, notamment pour les disciplines douces. « A l’évidence, un examen tous les deux ans suffit pour autoriser la pratique une heure de tir-à-l’arc par semaine. En revanche, un certificat annuel doit obligatoirement être délivré à un jeune pratiquant le badminton à bas, moyen ou haut niveau », explique Claude Leicher, médecin généraliste dans la Drôme et Président du syndicat MG France.
Autre point : les parents du jeune sportif sans certificat médical risquent de ne pas être assurés « en cas d’accident de l’enfant ou de responsabilité civile si ce dernier blesse quelqu’un lors de la pratique sportive », précise sur son site l’Institut de Recherche du Bien-être, de la Médecine et du Sport Santé (IRBMS).
Le dépistage fragilisé
Sous réserve de validation, la proposition du gouvernement obligerait également les sportifs de moins de 40 ans en bonne santé à se rendre chez le médecin … seulement tous les cinq ans. « C’est un âge auquel se fait le lit des pathologies », précise le Dr Claude Leicher. « Une consultation par année reste le minimum pour dépister – par exemple – la survenue d’un risque d’hypertension artérielle, de troubles métaboliques de la glycémie ou de dysfonctionnements cardiaques. Avec une seule visite tous les cinq ans, les signes annonciateurs de ces maladies pourront passer inaperçus ».
Ecrit par Laura Bourgault : – Edité par : Emmanuel Ducreuzet