Chimiothérapie : bientôt un traitement pour prévenir les neuropathies périphériques ?

30 octobre 2025

Les neuropathies périphériques sont des effets secondaires très fréquents de la chimiothérapie, traitement majeur contre les cancers. Souvent persistantes et incurables, elles impactent considérablement la qualité de vie des patients. Une étude suggère qu'une molécule pourrait prévenir l'apparition de ces neuropathies. Explication.

Les neuropathies périphériques induites par la chimiothérapie touchent 80 % des patients qui reçoivent ce traitement anticancéreux. Selon une étude publiée en janvier 2025, dans la revue Regional Anesthesia & Pain Medicine, 4 patients sur 10 traités par chimiothérapie souffrent de neuropathies périphériques sévères et persistantes. Chez certains d’entre eux, les douleurs sont telles que le choix est fait de diminuer les doses du traitement anticancéreux.

Ces neuropathies résultent d’une atteinte, due au traitement, des nerfs du système nerveux périphérique reliant le cerveau et la moelle épinière au reste du corps. Selon les nerfs atteints, les symptômes sont différents. On retrouve des picotements, engourdissements, brûlures, douleurs au niveau des membres, mais aussi des pertes d’équilibre, des troubles moteurs, auditifs et sensoriels. Ces effets secondaires retentissent considérablement sur la qualité de vie des patients.

L’espoir Carba1

Une équipe française (CNRS/Inserm/Université Grenoble Alpes) a réalisé une avancée majeure en identifiant une molécule capable de prévenir l’apparition de ces neuropathies périphériques induites par la chimiothérapie. Cette molécule, Carba1, dérivée du carbazole, agit sur la tubuline, une protéine essentielle dans la division des cellules, et donc des cellules cancéreuses. Carba1 permet de réduire les doses de taxanes, comme le paclitaxel (chimiothérapie souvent utilisée dans le traitement contre le cancer), sans en réduire l’efficacité. Ce qui permet, in fine, de réduire les risques d’effets secondaires, dont les neuropathies périphériques, sans réduire l’effet anticancer du médicament.

Carba1 est aussi capable d’agir sur le métabolisme cellulaire en rétablissant les niveaux d’une molécule essentielle pour aider les cellules à se réparer. Cette approche préventive permet de protéger de la dégénérescence les fibres nerveuses dès le début du traitement de chimiothérapie et de réduire les dommages et les douleurs causés par le traitement. Ces résultats, dont les mécanismes sont décrits dans une étude publiée le 29 octobre dans la revue Science Advances, ont été obtenus en laboratoire sur cultures cellulaires humaines et sur des rats atteints de neuropathies induites par le paclitaxel.

Prévenir les neuropathies périphériques, au lieu de les guérir

Les chercheurs ont aussi montré que Carba1 n’interfère pas avec l’activité antitumorale du paclitaxel et ne favorise pas la croissance tumorale. « Ces résultats positionnent Carba1 comme un candidat prometteur pour la prévention de la neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie (NPIC), avec un potentiel d’amélioration des résultats des traitements anticancéreux et de la qualité de vie des patients », notent les chercheurs.

Pour l’heure, la molécule doit encore passer les étapes précliniques réglementaires avant un essai clinique. Mais elle représente d’ores et déjà un « réel espoir », selon le CNRS. La start-up biotechnologique française Saxol, fondée pour porter l’innovation vers la clinique, est à la manœuvre pour ces étapes préliminaires, après la découverte de la molécule par l’Institut pour l’avancée des biosciences (CNRS/Inserm/université Grenoble Alpes). « Aujourd’hui, les seuls traitements en développement ciblent la douleur sans s’attaquer à son origine. Chez Saxol, nous voulons agir à la source. Notre objectif est d’administrer notre médicament dès le début de la chimiothérapie, afin de protéger les neurones, limiter les souffrances induites et améliorer l’observance des traitements anticancers. Nous sommes donc dans une approche préventive » expliquait Philippe Bordeau, CEO de Saxol, dans un communiqué publié en avril 2025.

  • Source : CNRS, Science Advances, Cancéropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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