Contre le post-partum, un entretien obligatoire après l’accouchement

12 juillet 2022

La dépression du post-partum, cela n’arrive pas qu’aux autres. Au moins 10% des jeunes mères seraient concernées par cette forme de dépression qui survient dans les semaines suivant l’accouchement. Pour la prévenir, un entretien postnatal est désormais obligatoire (et entièrement remboursé).

L’arrivée d’un bébé n’est pas uniquement synonyme de bonheur et de félicité. Pour de nombreux jeunes parents, elle constitue un bouleversement tel que les émotions négatives peuvent, temporairement ou non, prendre le dessus. Ainsi, quelques jours après l’accouchement, entre 50 et 80% des jeunes mamans expérimentent ce que l’on appelle le baby blues.

« C’est une réaction naturelle, causée par tous les changements physiques, hormonaux et psychologiques liés à l’accouchement », rassure le site gouvernemental www.1000-premiers-jours.fr. Il se traduit par une irritabilité, le sentiment de se sentir dépassée par les événements, une perte de repères, des crises de larmes… Cette période de déprime peut durer quelques heures ou quelques jours. « Au-delà de deux semaines, il faut en parler à un professionnel de santé. »

Facteurs de risque et premiers signes

Car si cet état s’installe, s’accompagne d’un manque d’énergie, de difficultés à s’occuper du bébé, de pensées négatives, de troubles du sommeil et de l’appétit, et dure pendant au moins deux semaines consécutives, on parle de dépression du post-partum. Une maladie jusque-là trop peu dépistée, mais dont on estime qu’elle concerne entre 10 et 20% des jeunes mères (et 8% des jeunes pères) dans les 4 semaines qui suivent l’accouchement. Elle peut également se déclarer plus tardivement, dans les mois qui suivent la naissance.

L’adoption de l’amendement n°2358 au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 qui a permis d’instaurer, au 1er juillet, « un entretien postnatal précoce obligatoire» est donc une bonne nouvelle. Cet entretien doit être « réalisé par un médecin ou une sage-femme entre la quatrième et la huitième semaine qui suit l’accouchement ».

Cet entretien pris en charge à 100% par l’Assurance-maladie doit permettre de repérer les premiers signes de la dépression, les facteurs de risques et les éventuels besoins des parents. Si nécessaire, un deuxième entretien est organisé entre la dixième et la quatorzième semaine, indique le texte.

La fin d’un tabou ?

Ce rendez-vous obligatoire vient s’ajouter aux (nombreux) autres rendez-vous déjà organisés dans les jours et les semaines qui suivent l’accouchement, aussi bien pour la mère que pour l’enfant. Mais il comble un manque certain, mis en lumière depuis de longues années par des professionnels de santé, des associations et des jeunes mères, aussi bien dans des livres que sur les réseaux sociaux.

Car il y a urgence à lever ce tabou : la dépression du post-partum est une maladie qui se soigne d’autant plus facilement qu’elle est prise en charge rapidement. Dans le cas contraire, le suicide est le risque majeur. Entre 2013 et 2015, il était la deuxième cause de mort maternelle* en France.

A noter : Pour évaluer votre bien-être émotionnel, faire le point sur votre moral et repérer les signes évocateurs de dépression, répondez à ce questionnaire en ligne.

* Jusqu’à un an après l’accouchement.

  • Source : PLFSS POUR 2022 (no 4523) - Amendement no 2358, Assurance-maladie, www.1000-premiers-jours.fr – Juillet 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Dominique Salomon

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