Contre les piqûres de moustiques, enfin la solution ?

19 juin 2023

Les moustiques sont non seulement désagréables, mais ils sont aussi vecteurs de maladies comme le paludisme, la dengue ou le chikungunya. Une équipe israélienne pense avoir trouvé un répulsif redoutablement efficace contre ces insectes : les nanocristaux de cellulose.

Piquer une personne ou un animal infecté ; ingérer les parasites, virus ou bactéries contenus dans son sang ; transmettre l’agent pathogène à une personne saine après l’avoir piquée : c’est le cycle de la transmission de maladies parasitaires comme le paludisme, responsable de centaines de milliers de morts chaque année en Afrique sub-saharienne, et virales comme la dengue, Zika ou le chikungunya. Le moustique est le principal vecteur de ces maladies.

Si, en Europe, les moustiques n’étaient jusqu’à présent que de désagréables petits insectes perturbant nos nuits d’été, leur présence a pris une autre dimension ces dernières années, réchauffement climatique oblige. En France, le nombre de cas autochtones de certaines maladies virales transmises par le moustique tigre (Aedes albopictus) augmente à mesure qu’il se propage et s’installe dans notre pays.

Ainsi, en 2022, 65 cas de dengue autochtone ont été recensés par Santé publique France, dans neuf foyers différents. Des cas autochtones de chikungunya ont également été détectés en 2010, 2014 et 2017 (un vaccin est en cours d’élaboration), et de Zika en 2019. On parle de cas autochtone quand « une personne a contracté la maladie sur le territoire national et n’a pas voyagé en zone contaminée dans les 15 jours précédant l’apparition des symptômes », explique l’Agence régionale de santé de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’une des plus touchées par ces cas.

Cellulose

On comprend donc l’importance de se protéger contre les moustiques. Il existe bien sûr les vêtements couvrants, les moustiquaires, la citronnelle et autres produits anti-moustiques, à appliquer sur la peau, à pulvériser ou laisser diffuser dans l’air. Mais un autre répulsif, apparemment très efficace, viendra peut-être bientôt s’ajouter à l’arsenal de lutte contre les moustiques.

C’est en tout cas l’espoir suscité par le travail d’une équipe de l’Université hébraïque de Jérusalem, récemment publié dans la revue scientifique PNAS Nexus. Les chercheurs ont étudié « les propriétés de barrière des nanocristaux de cellulose ». La cellulose est la molécule organique la plus abondante sur terre : elle est le constituant principal de la paroi cellulaire de nombreux végétaux.

Après traitement avec de l’acide sulfurique, elle s’assemble en nanocristaux de cellulose, qui s’auto-assemblent ensuite en films barrières solides et transparents. Et lorsqu’ils sont mélangés avec de l’eau et une petite quantité de glycérol, ils peuvent être appliqués sur la peau, sous forme de gel. C’est l’expérience menée par les chercheurs, avec des moustiques Aedes aegypti vivants (eux aussi vecteurs de la dengue, de Zika…, ils ne circulent pas actuellement en France).

« Camouflage chimique »

« Ces travaux ont permis de constater une diminution significative de 80% de l’alimentation sur la peau humaine après l’application d’une fine couche de gel de nanocristaux de cellulose », écrivent les auteurs de l’étude. Le gel n’a pas agi comme une barrière physique, mais comme un « camouflage chimique », en cachant les composés organiques volatils émanant de la peau humaine, que les insectes utilisent comme indices pour trouver un repas.

Et les chercheurs ne se sont pas arrêtés là : après avoir « dopé » les nanocristaux à l’indole, une substance aromatique présente chez certaines fleurs et qui agit déjà comme répulsif anti-moustiques, ils ont constaté une chute de 99,4% de la ponte d’œufs chez les moustiques exposés, par rapport au groupe contrôle.

Des résultats spectaculaires, donc, mais qui demandent à être confirmés à une plus grande échelle : le test n’a été réalisé que sur une seule personne, il devra être répété et validé hors laboratoire, avec d’autres types de moustiques… Enfin, avant d’espérer une mise sur le marché, son innocuité devra aussi être garantie.

  • Source : Santé publique France – ARS PACA – PNAS Nexus – Juin 2023

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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