Deux cas autochtones de zika en France métropolitaine
23 octobre 2019
Jarun Ontakrai/shutterstock.com
Deux cas autochtones d’infection au virus zika ont été rapportés dans le Var. Une première en France métropolitaine, et une surprise pour les experts. Explications.
Pour la première fois, deux cas autochtones de contamination au virus zika – un arbovirus appartenant à la famille des Flaviviridae comme les virus de la dengue ou encore de la fièvre jaune – ont été signalés en France métropolitaine, dans le département du Var.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un cas autochtone ? « Il s’agit de personnes infectées par le virus, sans avoir quitté le territoire français », explique Anna-Bella Failloux, de l’Unité de Recherche et d’Expertise Arbovirus et Insectes Vecteurs de l’Institut Pasteur. « Ils ont été contaminés par un moustique-tigre, lui-même infecté en prenant du sang sur quelqu’un qui revenait d’une région où le zika circule. »
Que signifie la survenue de ces cas ? « Le fait d’observer des cas autochtones en France métropolitaine est le signe que le moustique local est capable de transmettre le virus », détaille-t-elle. Ce qui est « une surprise pour moi. Je ne m’y attendais pas du tout ».
En effet, tous les virus, ainsi que tous les moustiques, ne se ressemblent pas. « Il existe deux génotypes de zika, le virus d’origine asiatique – qui a sévi en Amérique durant la pandémie de 2015 – et le virus d’origine africaine ». Les experts s’attendaient, à l’été 2015, à voir apparaître des cas autochtones avec le retour des vacanciers des Antilles. Or « aucun cas n’a été signalé. Ce qui signifie que le virus asiatique n’est pas facilement transmis par nos moustiques-tigres français ». Par conséquent, les experts soupçonnent désormais « les deux cas autochtones observés aujourd’hui d’être provoqués par le virus africain ». Toutefois, « il nous faudra attendre confirmation par une enquête épidémiologique et l’identification moléculaire de la souche virale responsable ».
A noter : Le développement des échanges commerciaux et des déplacements internationaux de personnes facilite la migration des virus et des moustiques. Le réchauffement climatique rend de nouvelles régions propices à la prolifération du moustique tigre et favorise la survenue de cas autochtones.
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Source : Interview d’Anna-Bella Failloux, de l’Unité de Recherche et d'Expertise Arbovirus et Insectes Vecteurs de l’Institut Pasteur, 23 octobre 2019
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet