Contre les pollens, faut-il ressortir les masques ?

12 juin 2023

Depuis plusieurs jours, toute la France métropolitaine – ou presque - est placée en risque élevé d’allergie aux pollens de graminées, au point que certains ont décidé de ressortir leurs masques anti-Sars-CoV-2 pour s’en protéger. Avec quelle efficacité ?

Les masques FFP2, en tissu ou chirurgicaux avaient presque disparu du paysage, les voici de retour à la faveur de la saison des pollens, particulièrement virulents en cette fin de printemps. Alors que le nombre d’allergiques ne cesse d’augmenter (de 30 % aujourd’hui à la moitié de la population mondiale en 2050, estime l’OMS), ces masques peuvent en effet représenter une solution contre les allergies aux pollens.

Car l’éviction de l’allergène, recommandée en cas d’allergie alimentaire par exemple, est difficile à mettre en œuvre pour les pollens. Et la désensibilisation prend du temps, entre trois et cinq ans. Restent donc les traitements de première intention, les antihistaminiques qui réduisent les symptômes… et les masques. Mais cette solution est-elle vraiment efficace ?

C’est ce qu’ont voulu mesurer les chercheurs d’Alyatec, un centre d’essais cliniques de Strasbourg spécialisé dans le domaine des maladies allergiques et environnementales. Vingt-quatre patients allergiques aux pollens de bouleau et présentant un asthme associé à une rhino-conjonctivite allergique ont été réunis dans la « chambre d’exposition aux allergènes » du centre. La moitié du groupe portait un masque chirurgical, l’autre non.

Effet positif

Tous ont été exposés à ces pollens particulièrement allergisants, au même titre que les pollens de graminées.  Précision importante : ils n’étaient pas autorisés à prendre leur traitement habituel (antihistaminique ou corticoïdes) dans les jours précédant le test.

Bilan de l’expérience, publié dans la Revue Française d’Allergologie en décembre dernier : « Le temps médian d’apparition d’une réponse bronchique immédiate dans le groupe sans masque était de 37 minutes, et de 67 min dans le groupe avec masque », soit environ deux fois plus tard. Et après une heure d’exposition, « le nombre de patients dans le groupe avec masque encore présents dans la chambre d’exposition environnementale était deux fois plus important que dans le groupe sans masque ».

Même si cette étude présente des limites (petit échantillon, un seul modèle de masque testé), elle montre tout de même « une tendance des masques à retarder le temps d’apparition des symptômes allergiques ». En l’absence de symptômes graves, qui nécessitent la prise de médicaments adaptés, cette solution mérite donc d’être testée.

  • Source : Réseau national de surveillance aérobiologique - Revue Française d'Allergologie – Juin 2023

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche

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