Covid-19 : la vaccination obligatoire à l’ordre du jour ?
26 mai 2021
Selon l’Académie nationale de médecine, « l’obligation n’est pas un gros mot quand il s’agit de vacciner contre la Covid-19 ». Le point sur cette position qui fait grand bruit.
A ce jour, la vaccination contre la Covid-19 – et en premier lieu contre les formes sévères de la maladie – n’a rien d’obligatoire. Elle se fait au bon vouloir de chacun, pour une protection individuelle et collective. Mais ce 25 mai, l’Académie de médecine dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : « l’obligation n’est pas un gros mot quand il s’agit de vacciner contre la Covid-19 ».
Au 24 mai, 23 352 873 français ont reçu au moins une première dose de vaccins. « L’objectif actuel de la campagne nationale de vaccination étant d’atteindre 30 millions de personnes primo-vaccinées à la mi-juin », rappelle l’Académie de médecine. Reste que la route est encore longue pour atteindre l’immunité collective « avant la fin de l’été, soit 90% de la population adulte ou 80% de la population totale (enfants inclus) ».
Vers des excédents de vaccins
Certes, avec 600 000 doses injectées chaque jour, le nombre de vaccinés ne fait que croitre. Mais le plafond va rapidement être atteint. « Le dynamisme de la campagne va se heurter à l’obstacle des hésitants et des opposés à la vaccination, l’importance de ces deux catégories récalcitrantes étant actuellement estimée à 15% pour chacune d’elles », souligne l’Académie de médecine. Sans compter les obstacles à la vaccination de la population pédiatrique, pourtant indispensable pour atteindre l’immunité collective. Certains parents « réticents ne manqueront pas d’objecter que la Covid-19 est généralement bénigne dans le jeune âge ».
Le risque est donc de passer d’une situation de pénurie de vaccins début 2020 à un surplus dans les mois à venir : « le paradoxe d’un excédent de doses face à une couverture vaccinale insuffisante. »
Une mise en place progressive de l’obligation
Face à cette situation, « l’obligation vaccinale doit maintenant être envisagée », atteste l’Académie. Une mesure jugée indispensable pour enrayer la propagation d’une « maladie répandue, sévère et souvent mortelle ». Cette obligation peut s’avérer pertinente avec des vaccins efficaces à 90%-95%, face à une propagation « que les mesures individuelles (gestes barrière) et collectives (couvre-feu, confinement) sont incapables de contrôler dans la durée ».
Pour faire accepter le caractère obligatoire du vaccin, l’Académie de médecine propose d’agir progressivement. Première étape, « la mise en œuvre sans tarder du pass vaccinal ». Second levier, rendre la vaccination contre le SARS-CoV-2 exigible dans certaines situations :
- pour l’exercice d’activités professionnelles essentielles (conduite du gouvernement et de l’État, enseignement, services de santé, services de la fonction publique…) ;
- pour l’exercice des activités professionnelles comportant un contact avec le public (restauration, hôtellerie, établissements culturels et du sport) ;
- en préalable à toutes les activités comportant déplacements ou rassemblements, telles que les voyages internationaux, les cures thermales ou les occupations associatives ;
- pour tous les donneurs de sang, de tissu ou d’organe ;
- pour les étudiants avant la rentrée universitaire 2021.
A noter : le caractère obligatoire de la vaccination est en place « pour la variole (1902-1984), la diphtérie (1938), le tétanos (1940), la tuberculose (1950-2007), la poliomyélite (1964), et étendue en 2017 pour 11 vaccins du nourrisson ».
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Source : Académie de médecine, le 25 mai 2021 – Santé publique France, consulté le 26 mai 2021
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet