Covid-19 :  les vaccins à ARN messager efficaces contre les cancers ?

24 octobre 2025

Une étude présentée au congrès européen d’oncologie médicale (ESMO) suggère qu’un vaccin à ARNm contre le Covid-19 pourrait renforcer l’efficacité des traitements contre des cancers à des stades avancés. Explications.

L’effet est inattendu. Le vaccin à ARN messager contre le Covid-19 aurait des effets sur les cancers. Des chercheurs ont constaté que les patients atteints d’un cancer avancé de la peau ou du poumon et qui ont reçu un vaccin dans les 100 jours qui ont suivi le début de l’immunothérapie ont vécu plus longtemps que ceux qui n’avaient pas été vaccinés. Les premiers, qui recevaient un traitement par inhibition des points de contrôle immunitaire, avaient en moyenne deux fois plus de chance d’être en vie trois ans après le traitement que les seconds. Pour rappel, les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire sont des anticorps monoclonaux qui bloquent les protéines spécifiques des points de contrôle et incitent les cellules immunitaires à attaquer et à détruire les cellules cancéreuses.

Ces résultats, présentés lors du congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) à Berlin (Allemagne) le 19 octobre et publiés dans la revue Nature, doivent encore être validés par un essai randomisé de phase III. Objectif : déterminer si les vaccins à ARNm doivent entrer dans les soins standards pour les patients recevant un traitement par inhibition des points de contrôle.

Le système immunitaire entraîné à éliminer le cancer

Les chercheurs de l’Université de Floride et du MD Anderson Cancer Center de l’Université du Texas ont analysé les dossiers de plus de 1 000 patients, traités entre août 2019 et août 2023. Dans un groupe, 180 patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules avancé ayant reçu un vaccin ont eu une survie médiane de 37,33 mois, contre 20,6 mois chez 704 patients non vaccinés. Dans une autre cohorte de patients atteints d’un mélanome métastatique, la survie médiane était de 26,67 mois chez 167 patients non vaccinés, mais elle n’avait pas encore été atteinte chez 43 patients vaccinés, ce qui suggère une amélioration significative (plus de la moitié du groupe était encore en vie).

« Cette étude démontre que les vaccins à ARNm contre la Covid-19 peuvent entraîner le système immunitaire des patients à éliminer le cancer, a déclaré le Dr Adam Grippin, oncologue, premier auteur de l’étude. Combinés à des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires, ces vaccins produisent de puissantes réponses immunitaires antitumorales associées à des améliorations considérables de la survie des patients atteints de cancer. »

Lors de précédentes recherches sur des vaccins anticancéreux à ARNm contre les tumeurs cérébrales, le Dr. Grippin a découvert au sein du laboratoire du Dr. Sayour, co-auteur de l’étude, que les vaccins à ARNm étaient de puissants activateurs immunitaires. Ils entraînaient le système immunitaire à éliminer les cellules cancéreuses, même lorsque l’ARNm ne ciblait pas directement les tumeurs. Les chercheurs ont alors fait l’hypothèse que d’autres types de vaccins ARNm pouvaient avoir le même effet. Le SARS-Cov-2 et l’avènement des vaccins à ARNm a permis de la vérifier.

Un vaccin anti-cancer ?

Afin de comprendre les mécanismes à l’œuvre, les chercheurs ont étudié l’action des vaccins à ARNm sur des modèles précliniques. Ils ont découvert qu’ils fonctionnent comme une alarme : le système immunitaire entre en état d’alerte maximal pour reconnaître et attaquer les cellules cancéreuses. Les cellules cancéreuses produisent  alors une protéine de point de contrôle, PD-L1, mais les inhibiteurs permettent de bloquer cette protéine, réunissant toutes les conditions pour que les traitements activent le système immunitaire contre le cancer.

Un mécanisme qui a aussi été observé en étude clinique. « Les chercheurs ont découvert des mécanismes similaires, notamment une activation immunitaire chez des volontaires sains et une expression accrue de PD-L1 sur les tumeurs chez les patients ayant reçu des vaccins à ARNm contre la COVID », explique le MD Anderson Cancer Center dans un communiqué. Le centre anti-cancer ajoute que ce sont les patients qui répondaient le moins bien à l’immunothérapie qui ont bénéficié le plus de l’association immunothérapie – vaccin. Chez ces personnes peu réceptives à l’immunothérapie, le taux de survie était près de 5 fois plus élevé que chez les personnes non-vaccinées.

Si ces résultats sont confirmés lors de l’essai clinique, les chercheurs affirment qu’un vaccin universel non spécifique, encore plus performant, pourrait être conçu. Et pour les patients atteints de cancers avancés, l’augmentation de la survie grâce à un tel vaccin pourrait largement améliorer la survie.

  • Source : Nature, Université de Floride, MD Anderson Cancer Center

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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