Covid-19 : sur le web, les recherches sur l’anxiété ont explosé

24 août 2020

Pandémie, confinement, déconfinement… Dès le début de la crise sanitaire, les spécialistes de la santé mentale ont prévenu : elle laissera des traces, que l’on commence à peine à mesurer. Sur Internet par exemple, les recherches concernant les crises d’angoisse et les attaques de panique ont explosé.

Comment mesurer concrètement les effets de la pandémie et ses conséquences sur la santé mentale de millions d’êtres humains ? En étudiant les travaux déjà réalisés dans un contexte similaire, comme l’ont fait les chercheurs du King’s College de Londres dès la mi-mars. Mais aussi en s’intéressant aux recherches de ces êtres humains  sur Internet.

C’est la démarche effectuée par un groupe de chercheurs américains spécialisés dans l’analyse des données appliquées à la santé, issus du Data Driven Health du Qualcomm Institute de l’Université de Californie à San Diego, de l’Université Johns Hopkins ou encore de l’Institute for Disease Modeling. Les résultats de leur étude ont été publiés dans le JAMA Internal Medicine. Ils concernent uniquement les requêtes effectuées via Google sur le territoire américain, sur une période allant de janvier 2004 au 9 mai 2020.

« Suis-je en train d’avoir une attaque de panique ? »

Quelles étaient les requêtes étudiées ? « Attaque de panique », « crise d’angoisse », « suis-je en train d’avoir une attaque de panique ? », « signes de la crise d’angoisse »… Des termes choisis car ces manifestations de l’anxiété aiguë (souffle court, douleur à la poitrine, vision trouble, peur intense…) peuvent, à terme, mener à l’anxiété chronique ou la dépression.

Sans surprise, ces recherches ont littéralement explosé à la fin de la période étudiée. « Au cours des 58 premiers jours de la pandémie de Covid-19, il y a eu au total 3,4 millions de recherches liées à une anxiété aiguë sévère aux États-Unis », détaille le Dr Benjamin Althouse, chercheur à l’Institute for Disease Modeling. Un « record » après 16 ans de recherche sur les données.

On peut même dater précisément les pics de ces recherches : le 16 mars, quand les mesures de distanciation sociale ont été annoncées, puis le 29 mars lorsqu’elles ont été étendues ; le 26 mars, quand les États-Unis ont dépassé la Chine en nombre de cas ; le 3 avril, lorsque le CDC, l’agence fédérale de santé publique, a recommandé le port du masque ; le 11 avril, quand les États-Unis ont dépassé l’Italie en nombre de décès.

Plateformes d’écoute

Pour les auteurs de ce travail, l’étude en temps réel des données de recherche sur Internet pourrait permettre aux gouvernements de mieux cibler et hiérarchiser les moyens pour répondre aux conséquences d’événements tels qu’une pandémie. Ils notent également l’impact positif de certaines initiatives comme les plateformes d’écoute, qui ont également été mises en place en France.

  • Source : JAMA Internal Medicine, le 24 août 2020

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche

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