Covid long : une prise en charge « insatisfaisante » en France, selon le Covars
09 novembre 2023
Le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) dénonce dans un avis une prise en charge « insatisfaisante » des patients atteints d’un syndrome post-Covid (SPC) alors qu’ils seraient des centaines de milliers en France. Le comité avance des recommandations pour enfin reconnaître la maladie et accompagner les patients.
Plus de trois ans après le début de la pandémie de Covid-19, « plusieurs centaines de milliers de personnes » en France souffrent d’un Covid long, ou syndrome post-Covid (SPC). Elles représenteraient environ 10 % des personnes infectées, selon les chiffres avancés par le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars). Pourtant, la France « n’a pas suffisamment pris la mesure de la réalité du syndrome post-Covid », dénonce le comité dans un avis du 7 novembre. Et des populations à risque restent encore sous-détectées : les enfants, les adolescents, les personnes âgées et les personnes atteintes de comorbidités.
Un syndrome post-infectieux déjà observé
Le comité rappelle que le SPC est bien une « réalité organique » et non un trouble somatoforme – un trouble mental caractérisé par une attention accrue portée aux symptômes physiques. Le syndrome post-infectieux (SPI) a d’ailleurs déjà été observée dans d’autres pathologies, comme Ebola, le chikungunya ou le West-Nile.
Le Sars-Cov-2 « pénètre dans les cellules humaines en interagissant avec son récepteur à la surface des cellules : l’enzyme de conversion de l’angiotensine-2 », lit-on dans l’avis. Il est ainsi capable de toucher « la cavité nasale, les poumons, le tractus gastro-intestinal et l’œil, ainsi que les cellules tapissant les capillaires du système nerveux central, du cœur, du pancréas et des surrénales ». Un envahissement de l’organisme qui réunit les conditions nécessaires à la survenue d’un SPI.
Pour les patients atteints, le retentissement sur le quotidien est très invalidant, dans les sphères privée, scolaire, professionnelle. Selon le Covars, leur prise en charge est « insatisfaisante » avec un parcours de soins chaotique, une méconnaissance des soignants sur le sujet, et des patients qui n’ont plus confiance en ces professionnels. « les patients ressentent une stigmatisation de leur symptôme », pointe l’avis du Covars.
Former les soignants et les étudiants aux SPI
Le Covars émet un panel de recommandations dont un financement dédié au SPC et plus largement aux syndromes post-infectieux, « mal reconnus et mal pris en charge dans notre pays ». Le comité insiste sur la nécessité de former les soignants et d’intégrer la question des SPI dans les études de médecine. Il est aussi recommandé de mettre en place un parcours de soins pluridisciplinaires et une prise en charge globale de l’ensemble des conséquences de la maladie sur le quotidien du patient.
Plus de 200 symptômes du SPC sont aujourd’hui connus. L’une de leur caractéristique est leur fluctuation dans le temps. Si 91 % des patients reconnaissent que leur état s’améliore très progressivement au fil des mois et des années, ils subissent des rechutes « hebdomadaires fréquentes et invalidantes » et ce même un an et demi après l’infection. Si les causes du SPC sont mal connues, plusieurs hypothèses figurent parmi les plus plausibles : « la persistance virale sanctuarisée, une inflammation chronique, une dérégulation immunitaire, une atteinte du système nerveux central, un déséquilibre de la flore intestinale, une atteinte micro vasculaire ou encore une modification du métabolisme énergétique ».