Dépistage précoce des cancers : l’intérêt de la prise de sang se confirme
14 septembre 2022
Détecter au plus tôt la maladie, avant même que n’apparaissent les premiers signes. C’est l’un des grands enjeux de la recherche contre le cancer, dont le nombre de nouveaux cas avoisine les 400 000 chaque année en France. Les spécialistes misent beaucoup sur une méthode peu invasive : la prise de sang.
Le congrès de l’ESMO (European Society for Medical Oncology) s’est achevé hier à Paris avec la perspective d’une avancée majeure la lutte contre la maladie. L’enjeu crucial du dépistage précoce du cancer, ou plutôt des cancers, a franchi une nouvelle étape, selon le Pr Fabrice André, directeur de recherche au centre anticancéreux Gustave Roussy de Villejuif et futur président de l’ESMO.
En effet, s’il est possible, grâce au dépistage organisé, de détecter précocement les cancers colorectaux ou les cancers du sein, d’autres cancers évoluent à bas bruit et ne sont détectés qu’au stade métastatique. C’est notamment le cas du cancer du pancréas, dont le taux de survie à 5 ans n’est que de 5%. Pour repérer ces cancers silencieux très en amont, des équipes du monde entier travaillent depuis quelques années sur la « biopsie liquide ». Ou comment une simple prise de sang permet d’identifier des marqueurs tumoraux qui pourraient aider au diagnostic d’un cancer. Et même de plusieurs.
0,9% de faux négatifs
La voilà, l’avancée majeure. Si des essais concluants ont été menés – ou sont toujours en cours, comme aux Hospices Civils de Lyon où l’on teste la présence de la progastrine, un biomarqueur présent en quantité importante dans le sang des patients cancéreux, la question de la fiabilité de ces tests restait posée. Même si des améliorations sont possibles, l’étude Pathfinder, présentée à l’occasion du Congrès, est donc venue confirmer l’intérêt des tests sanguins de détection précoce multi-cancers, les tests MCED (Multi Cancer Early Detection).
L’un de ces tests a ainsi été pratiqué sur un large échantillon de plus de 6 000 personnes âgées de plus de 50 ans, qui n’étaient pas connues pour avoir un cancer. Il a détecté un signal de cancer chez 1,4% des participants (la maladie a ensuite été confirmée chez 38% d’entre eux, dans un délai de moins de deux mois). Et c’est un quasi sans faute pour ceux dont le test est revenu négatif : 99,1% n’avaient effectivement pas de cancer.
Pour les chercheurs à l’origine de l’étude Pathfinder, ces résultats, bien que perfectibles, sont porteurs d’espoir : jusque-là, ces tests n’avaient été pratiqués que sur des patients dont on savait qu’ils étaient déjà malades. Pour réduire les taux importants de faux positifs (62% dans cette étude), « les tests doivent être affinés afin de mieux distinguer l’ADN tumoral de tous les autres ADN qui circulent dans le sang », confirme l’autrice principale Deb Schrag, du Memorial Sloan Kettering Cancer Center à New York. Qui insiste, en attendant l’amélioration de ces tests, sur l’importance de poursuivre le dépistage standard des tumeurs. Optimiste et enthousiaste, le Pr Fabrice André, lui, considère que ces tests de détection rapide feront évoluer la prise en charge des cancers très rapidement, dans les cinq prochaines années.