Diabète : l’œuf en débat
19 novembre 2020
Accusé d'être trop riche en cholestérol, l'œuf a longtemps été banni du régime des patients diabétiques, avant d'être réhabilité, à petite dose. Peut-être pas pour longtemps : une vaste étude menée en Chine, où le diabète explose, établit aujourd'hui une association entre la maladie et la consommation d'œufs.
La consommation d’œufs est-elle recommandée lorsque l’on souffre de diabète et que l’on est à risque de développer des complications cardiovasculaires ? Pendant longtemps, la réponse a été non : accusé d’augmenter les taux de « mauvais » cholestérol, l’œuf était fortement déconseillé pour les personnes atteintes de diabète.
Une recommandation mise à mal par plusieurs études publiées ces dernières années, dont cette étude australienne concluant que la consommation de 12 œufs par semaine n’avait pas d’effet sur la santé cardiovasculaire de patients pré-diabétiques et diabétiques. Mais le débat n’est toujours pas tranché : une vaste étude menée par la University of South Australia, en partenariat avec la China Medical University et la Qatar University, établit aujourd’hui une association entre apparition du diabète… et consommation d’au moins un œuf par jour.
11% des Chinois sont concernés
Publiée par la revue Cambridge University Press, cette étude a été menée sur plus de 8 500 adultes chinois âgés de 50 ans en moyenne, entre 1991 à 2009. Les scientifiques sont partis de plusieurs constats : en Chine, le régime alimentaire traditionnel dominé par les céréales et les légumes est de plus en plus souvent abandonné au profit d’une alimentation plus riche, comprenant davantage de viande ou d’aliments transformés. Or, on sait que ce type d’aliments favorise l’apparition du diabète de type 2. Lequel concerne désormais 11% de la population chinoise, soit plus qu’aux Etats-Unis où 9% des Américains sont diabétiques ou pré-diabétiques.
Et la consommation d’œufs dans tout ça ? C’est l’une des variables étudiées par les chercheurs, dont l’objectif était de « comprendre la gamme des facteurs alimentaires susceptibles d’avoir un impact sur la prévalence croissante de la maladie », explique le Dr Ming Li, épidémiologiste et expert en santé publique. L’œuf n’a pas été choisi au hasard : en Chine, la consommation quotidienne moyenne d’œufs a quasiment doublé entre le début et la fin de la période observée. En 1991, les Chinois consommaient en moyenne 16 grammes d’œuf par jour ; en 2009, 31 grammes*.
« Ce que nous avons découvert, explique le Dr Ming Li, c’est qu’une consommation élevée d’œufs sur le long terme (plus de 38 grammes par jour) augmentait le risque de diabète chez les adultes chinois d’environ 25% ». Pour ceux qui consommaient l’équivalent d’un œuf par jour (50 grammes), le risque augmentait de 60%. Et l’effet se faisait davantage ressentir chez les femmes que chez les hommes. Faut-il en conclure qu’œuf et diabète ne font finalement pas si bon ménage ? Non, car association ne signifie pas causalité. Des recherches supplémentaires sont nécessaires.
*En Europe, la consommation quotidienne moyenne d’œufs s’établit à 33,65 grammes, soit moins d’un œuf par jour
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Source : Cambridge University Press, le 16 novembre 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet