Don de sperme : qui sont les donneurs ?

31 octobre 2024

Ce samedi 2 novembre marque la journée mondiale de la fertilité. À ce sujet, la loi de bioéthique a été modifiée en 2022, accordant aux personnes nées d’un don de gamètes le droit d'accéder à l'identité du donneur. Cela a-t-il découragé les donneurs de sperme ? Une étude montre qu’il n’en est rien. Quel est leur profil ?

La loi de bioéthique du 2 août 2021 (article L. 2143-2) confère aux personnes majeures nées d’une assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) avec tiers donneur (c’est-à-dire issues d’un don de gamètes – spermatozoïdes ou ovocytes – ou d’embryons) le droit d’accéder aux données de ce dernier.

Qu’a changé la loi de bioéthique 2021 ?

En d’autres termes, cette notion de don partiellement anonyme permet désormais aux personnes issues d’un don de gamètes d’accéder, à leur majorité, aux données non identifiantes (situation familiale et professionnelle, caractéristiques physiques, état général et motivations du don, notamment) ainsi qu’à l’identité du tiers donneur. Néanmoins, le don de gamètes demeure gratuit, volontaire et anonyme.

D’autres modifications ont été apportées par la loi : l’assistance médicale à la procréation est désormais accessible à tous, y compris aux couples de femmes et aux femmes seules, au même titre que les couples homme-femme. De nouvelles limites d’âge pour le don de spermatozoïdes ont été établies, fixant la tranche entre 18 et 44 ans inclus. Par ailleurs, la possibilité d’autoconservation des gamètes a été mise en place.

Des répercussions sur le nombre de donneurs ?

Pour mesurer l’impact de la loi de 2021 sur le recrutement des donneurs de gamètes, une étude a été réalisée au sein de la fédération des CECOS (Centres d’Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme humains), qui a comparé deux années de référence : 2019, avant la pandémie de Covid-19 (pour éviter les biais liés à cette période mouvementée), et 2023, pour évaluer les effets du nouveau régime.

Et finalement, la levée de l’anonymat du donneur ne semble pas avoir découragé les candidats au don de sperme : leur nombre a même franchement augmenté avec, sur les 17 CECOS, 610 dons en 2023 contre 348 en 2019. Les chiffres observés ne montrent aucune réticence importante liée à la levée partielle de l’anonymat du don.

Quel est le profil des nouveaux donneurs ?

L’étude révèle que les nouveaux donneurs sont très légèrement plus jeunes, avec une moyenne d’âge de 35 ans contre 35,7 ans auparavant. La majorité des candidats n’avaient pas d’enfants au moment de leur don. Cette proportion est encore plus marquée chez les nouveaux donneurs, avec seulement 37,7 % ayant au moins un enfant, contre 46,2 % en 2019.

Par ailleurs, 48,9 % des candidats sont célibataires, un chiffre similaire à celui d’avant. La majorité d’entre eux est d’origine caucasienne.

Pourquoi donnent-ils ?

Les dons de sperme avant vasectomies ont pour leur part augmenté, à 8,2 % en 2023 contre 6,3 % en 2019.

Les motivations au don de sperme sont majoritairement spontanées, pour 66,3 % des dons en 2023 contre 54,2 % en 2019. Avant 2021, la plupart des donneurs étaient recrutés par des couples homme-femme confrontés à l’infertilité masculine, mais cette situation a considérablement diminué chez les nouveaux candidats, passant de 36,1 % à 11,3 %. En revanche, les dons pour des couples de femmes ont augmenté, atteignant 10,7 % contre 1,3 % auparavant.

De plus, les nouveaux donneurs se caractérisent en 2023 par une plus grande représentation de professions intellectuelles supérieures, de cadres, de professions intermédiaires et d’employés, ainsi qu’une proportion accrue d’étudiants (peut-être dû aux communications des CECOS dans les universités).

Enfin, une nouvelle rassurante : aucune différence n’a été observée entre ces deux périodes concernant le nombre de « spermatozoïdes mobiles progressifs » autrement dit des spermatozoïdes opérationnels.

Pour rappel, au 31 décembre 2022, près de 5 650 personnes étaient en attente d’un don de spermatozoïdes. Les candidats aux dons sont de plus en plus nombreux, mais encore insuffisants pour répondre aux besoins. Pour en savoir plus : consultez le site dédié, par l’Agence de la biomédecine.

  • Source : Présentation du Dr Puy Vincent aux 29es journées de la FFER (BREST 25/27 septembre 24) ; Agence de la biomédecine ; JO 27/08/22 ; loi de bioéthique du 2 août 2021 (article L. 2143-2)

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

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